Et nous revoilà partis pour un autre concert de Black Métal. Cela doit être la période; on va dire çà comme çà... Cette fois-ci par contre, on va taper dans le un peu plus connu. Le groupe tête d'affiche est fameux en partie de part l'ensemble des histoires internes qui y sont associées. Enfin bon. Le groupe a été généreux (en comparaison avec certaines de ses précédentes apparitions), les deux premières partie n'en n'ont pas été moins intéressantes d'ailleurs.
Ce soir, on se fait une soirée « sauvons les panda »; Sauf que dans le cas de ces pandas là, on est un peu moins nécrosé, un peu plus dans le hérisson et même un petit peu dans le métrosexuel.
Mr GARMONBOZIA nous propose cette fois-ci d'aller voir ses petits protégés au TRABENDO. La salle se trouve sur le parc de la cité de la musique, l'endroit est très agréable. Etant donné que le temps est déjà beau, beaucoup de gens en profitent pour larver ou s'adonner aux joies de la récréation de plein air. Bon par contre, si on ne sait pas où se trouve la salle, on se doit de chercher un peu; on bien dans mon cas, de suivre (une fois de plus) les chevelus. Alors que le concert est prévu pour 18h30, nous allons avoir droit à beaucoup de retard. Initialement, c'est un concert pour lequel peu de public a décidé de réserver sa place. Une petite troupe s'entasse quand même devant l'entrée du bâtiment, toutefois un peu plus nombreuse quand même que pour nos petits français de la semaine précédente. Le public s'avère d'ailleurs un peu plus disparate, avec entre autre de la gogoth arborant le « soooooooo Goethe » labret. La goth a d'ailleurs toujours le côte auprès du métalleux puisque les chagasses en question se verront offrir une petite bière par l'un des « cœurs à prendre » du coin. La parade amoureuse humaine, tout comme celle du pigeon, me fera toujours beaucoup rigoler...
Après avoir cramé deux ou trois sêches, le ceint des ceints finit par ouvrir ses portes et nous pouvons enfin nous ruer dans la place pour tacher de trouver une petite place pas trop loin de la scène. L'intérieur du Trabendo est agréable et judicieusement aménagé. La fosse est entourée d'une sorte de déambulatoire, lui même surplombé par un balcon filant avec balustrade. Le lieu est aéré, la géométrie hexagonale donnant une grande impression d'espace; la moitié des enceintes sont pendues au plafond, les toilettes et le bar sont en retrait, avec suffisamment d'espace afin de ne pas se gêner. Et, joie et bonheur, un accès contrôlé vers l'extérieur pour aller fumer pendant les moments de battement. J'ai fait ma place sur la gauche de scène, assise sur les enceintes retour avec en plus la capacité d'y déposer en vue et sans crainte mes petites affaires de gonzesses.
Le premier groupe s'appelle GRAVDAL. Gravdal, semble être l'équivalent Norvégien de Sandford en fait. Pourquoi l'utilisation de ce nom alors que le groupe fait une musique en marge des standards ? Et surtout qu'ils sont de Bergen ? Peut-être justement pour le paradoxe. GRAVDAL m'a donné un coup de vieux; ils sont jeunes, on leur pincerait le nez il en coulerait encore du lait. Les petits jeunots suivent à la perfection les traces de groupes comme SATYRICON (à leur début; Mother North hein) ou bien GORGOROTH (dont je reparlerai puisque c'était la tête d'affiche). On a droit à un show plein d'énergie, peut-être un petit peu fébrile mais du bon Black Métal à écouter et à voir, comme celui des grands frères sus-cités. Galge arrive sur scène torse poil (y'en a pas d'ailleurs), les bras et le visage grimés de noir et blanc (je continue à dire que cela ne fait pas très cadavre) allant même jusqu'à arborer des traces de « sang » frais, coulant de sa bouche juvénile et qui entachent un crucifix pendu tête bêche. Musicalement, c'est assez répétitif mais on reste dans les canons du genre black métal norvégien. C'est rapide, agressif, avec une voix de chat qu'on éviscère tranquillement. On passe sans soucis d'une mesure à 2 puis 4 temps, inversement et on sens même parfois du 6 temps pour le développement de la phrase. Leur musique a un petit arrière goût de tronçonneuse en train d'attaquer un os et, après avoir regardé les informations du village éponyme on ne peut que trembler à l'idée de voir surgir d'un coin des coulisses Thomas Hewitt. La set list sera jouée rapidement; il semblerait qu'au Trabendo on ne plaisante pas avec les horaires. De bons morceaux dont « Sadist » mais qui ne considère pas comme étant leur meilleur; ce n'est pas non plus le plus rapide en tempo ni en dégueulis vocal. Grosso modo, le public va rester enjoué mais assez mou pour cette première partie. Ce n'est pourtant pas la volonté de le faire bouger qui manque à GRAVDAL qui va essayer d'inciter la foule du mieux qu'il peut à participer. Comme toujours, l'ensemble de la masse arrive plus tard et n'a malheureusement qu'un intérêt limité pour les premières parties. C'est dommage parce que la formation possède un bon potentiel et surtout une grande énergie. Chacun y met toutes ses tripes faisant parfois fi du retours ou des branchements mais qu'importe; C'est le black métal norvégien que pompe à chaque instant leurs petits cœurs et une telle pureté (dans l'âme ha-ha. Je me gausse) ne peut qu'être applaudie.
Une première partie féroce (malgré ses dents de lait) qui aura émoustillé nos oreilles en mettant, il faut quand même le dire, en condition auditive pour ce qui va suivre.
J'avoue tout : je préfère le Death Metal.
Par contre, malgré mes penchants plus affirmés pour la nécrophilie que pour le satanisme, il faut quand même savoir reconnaître certaines qualités au junior du métal. Si l'on range de côté le style musical, voulu au départ expressément dégueu, si on se débarrasse de la vision première antéchrist des paroles, force est bien d'admettre que le Black Metal regroupe au final une population authentique. Cette volonté crue, brutale et dépouillée d'artifice, mise à repousser l'inévitable formatage social ne peut que recueillir respect et considération. Ensuite, je n'approuve pas personnellement les déviances et évolutions du genre, style Eco-térroriste dont certains se revendiquent; je considère que l'idée même de ce combat « anti-social » est suffisamment primal pour rester tel qu'il est. On pourrait penser que cette immobilisme soit susceptible de nuire à la promotion du genre; bien au contraire, je trouve que la fidélité des canons l'empêche de se diluer et d'être banalisé. Il y a matière à faire tout le blabla possible alors que je ne suis pas la mieux placée pour parler du courant, de son histoire ou des groupes qui l'on lancé ou qui, comme GRAVDAL en perpétuent l'essence. Je préfère laisser çà aux vrais fans et ne peux donc que conseiller de lire l'excellent bouquin très bien écrit qui est sorti récemment chez camion noir.
Après une pause aérée qui contribue largement à faire un peu d'espace dans la boite à musique qui nous sert de cerveau, la deuxième partie se met en place.
Alors attention; KEEP OF KALESSIN, c'est un groupe à gonzesses. Pourquoi un groupe à gonzesses ? Bah tout simplement parce qu'ils sont jeunes, ils sont beaux et qu'ils savent se fringuer. Ensuite, cela n'enlève en rien à la qualité de leur musique, bonne au demeurant.
Alors que le groupe a fait ses débuts dans le Black Metal, Obsydian C. le fait désormais jouer dans un style plus vaste. On ne retrouve pas le style « dying cat » habituel, la voix est plus brute, plus masculine comme j'affectionne. L'ensemble musical fait un peu penser à MOTORHEAD sous speed, même si, en écoutant les différents albums et plus particulièrement le dernier, on se rapproche de CRADLE OF FILTH et du power métal de RHAPSODY OF FIRE. Le live s'avère plus roots que les arrangements studio, mais peut-être le mixage général du son y est-il pour quelque chose aussi. On est dans une thématique épique, mythologique avec parfois un arrière petit goût de KARL SANDERS (lui, je l'aime). Le set prend l'allure d'une chevauchée fantastique, et le blast beat de Vyl permet de brasser l'air. « Kolossus » est sorti en 2008, et déjà Obsydian C. nous fait la préview du prochain album studio « Reptilian ». Le style est en train d'évoluer et il est agréable de se rendre compte que le groupe est proche d'atteindre sa maturité. Quand on prend le temps de lire l'histoire de KoK, on se rend compte que O.C. a sacrement travaillé pour enfin accéder à la reconnaissance de son groupe. Fort de son expérience d'avec SATYRICON (tiens, on retrouve les même), ainsi que de ses tournées avec BEHEMOTH ou DIMMU BORGIR, KoK semble être un projet mené de main de maître, carré, serré et surtout très intelligemment géré. Par contre, en écoutant et en regardant le style général, j'émets une réserve concernant la pérennité de KoK; en effet, peut-être sont-ils arrivés un peut tard sur le marché, quand on sait que les groupe comme symphony X ou Rhapsody of fire ont déjà raflé une bonne partie du marché et que c'est un style un petit peu passé de mode. Dommage je dirais puisque KoK fait une musique abordable et que, à la différence des deux piliers précédemment cités, ils ont encore toute l'énergie de vouloir réussir et d'être reconnus. En soi, la courbe ascensionnelle est plus intéressante que la place au champs Elysée vers laquelle tout le monde aspire (jouer à God Of War ne me réussit pas dites donc...).
Enfin bon. Le set est plutôt bon, le visuel est intéressant, et on a même droit à des solos de guitare et de batterie sympathiques tant en terme de virtuosité qu'en terme de sensationnel. Vyl s'avère jouer une partie importante derrière ses fus, tant de part son blastbeat que de part sa manière de jouer avec ses baguettes et autres accessoires, et O.C. Nous présente même sa compétence secrète « jouons de la guitare par derrière la tête ». C'est marrant à voir et çà détend assez bien l'atmosphère. Tant pis pour ceux qui considèrent que cela doit rester sérieux, moi j'ai trouvé le spectacle des plus divertissants. J'aspire donc tout naturellement à les revoir bientôt sur scène puisque c'est une performance intense et agréable de laquelle on ressort content.
Bon. Passons maintenant au gros morceau de la soirée. GORGOROTH. Le groupe fait partie de la « seconde vague » du genre, et il tourne depuis grosso-modo 1992. Par contre, en entendant les baratins à droite et à gauche, avant même que le groupe n'entame son set j'avais beaucoup à craindre de sa qualité et de sa durée. En effet, l'argent qui pourrit tout réussit même à atteindre l'underground puisque la formation actuelle (avec PEST au chant) ne pourrait semble-t-il pas jouer certains morceaux de part le conflit judiciaire quant à la disposition du nom. Qu'importe puisque dans le cas présent, même si le groupe entretient avec le public des rapports assez paradoxaux, le show va être concluant. L'introduction et la conclusion se composent d'une orchestration de la marche funèbre tirée de la Sonate N°2 en Si B mineur de Chopin. Ça fait toujours son petit effet, et les gens reconnaissent forcément le morceau, sans savoir ce que c'est; C'est pompeux et tout du moins paradoxale pour un tel public d'écouter un tel romantisme dégoulinant. Enfin bon c'est marrant. GORGOROTH subit une belle grosse ovation lorsque les membres rentrent tour à tour sur la scène. La salle n'est pas pleine à craquer, mais la fosse est remplis de furieux. Malgré le temps qui fait sur eux aussi son effet, le groupe a conservé le visuel très agressif des débuts. C'est du pur hérisson, avec de vagues petits bouts de corps (surtout sur la bedaine) qui ne subissent pas le carcan du cuir recouvert de pointes, dont certaines s'avèrent être quand même des clous de 20 cm de long. L'ensemble est impressionnant, et les corps arborent également les traditionnelles peintures de guerre si chères au style « nécro-like ». Bon par contre, pas de tête d'animal décapité, et encore moins de crucifixion. L'espace sur la scène est relativement limité aussi et puis on finit peut-être pas se lasser de ce décorum pompier... GORGOROTH est un groupe qui a quand même plus de bouteille que les deux précédents; on ressent tout d'abord un sérieux et une attention mesurable dans la mobilité de chacun des membres et musicalement c'est quand même plus complexe et les arrangements musicaux sont un petit peu plus fins que pour Gravdal. On retrouve l'empreinte du trash, tout en conservant parfaitement l'idée de la rythmique et des phrases cycliques du black. Personnellement moi j'aime beaucoup le dernier album. Et puis j'ai un petit faible pour Pest au chant puisque çà me rappelle avec émotion mon « Witchcraft » d'OBTAINED ENSLAVEMENT. Sur des gabarits comme ceux qui se produisent devant nous, le maquillage « au bouchon » rend quand même largement plus de sérieux que sur des tennagers. L'effet est d'ailleurs surprenant sur Pest puisque le cerclage de la cavité oculaire absorbe complètement l'organe ce qui donne un effet de vide assez fascinant. En outre, avec un cheveux qui commence à se disperser, on a plus l'impression d'observer une sorte de lichen malsain lui courir sur la tête et le visage que l'idée d'un poil animal. Dans ce cas particulier donc, l'effet maquillage rend plutôt bien l'apparence d'un corps décati, plus sec et momifié que purulent certes mais qui grignote depuis longtemps déjà les pissenlits par la racine. Le rapport avec le public, je reviens dessus, est assez intéressant. Alors que l'on est proche de la scène à pouvoir quasiment marcher dessus, les artistes n'ont aucune hésitation à venir à porter de main soit jouer de leur instrument, soit venir chanter. Il en serait de même pour la fosse s'il n'y avait un espace entre celle-ci et la scène d'ailleurs. Ni Pest ni personne au sein du groupe ne communique directement avec la foule; pourtant, la gestuelle, l'implication dans la représentation dégagent énormément d'émotions et, même si certains pourraient encore discuter de leur attirance pour le live, il m'apparaît à moi évident que les membres du groupe expriment leur affection (même si ce n'est pas forcément le terme le mieux choisis dans ce cas là) envers les gens qui sont venus les voir et surtout les soutenir. Fuck off les autres, le cérémonial de la performance, intense, finit par nouer un lien entre les acteurs intouchables et un public avide totalement réceptif à l'ambiance générale.
A la différence du Death Metal, où les artistes se montrent plutôt loquaces quant à la fidélité de leur public, il semble que le Black Metal préfère conserver une certaine retenue ainsi qu'une certaine distance. On reste dans une forme de cliché attribué à ce courant, mélange de marginalisme auto-entretenue et de conservatisme. Il n'en reste pas moins que dans les deux cas (je vais me faire taper sur les doigts), les groupes sont redevables de leurs « fidèles » et que chacun d'eux, avec ses propres moyens en fait montre. Un artiste qui vous regarde dans le blanc de l'œil pendant qu'il joue, je trouve cela des plus audacieux et gratifiant, autant pour celui qui se montre que pour celui qui observe. Reste à savoir ensuite si dans un cas comme celui-là, l'observateur ne devient pas à son tour l'objet de l'observation. Pour assister à ce genre de performances, je dirais qu'il faut accepter de
céder une part de soi-même afin de recevoir ce que le groupe nous offre.
Le set va durer une heure, quasiment pile poil. Pour du GORGOROTH, il parait que c'est bien. Celui-ci aura été exécuté avec un lance pierre, mais on n'a pas perdu en qualité. Le show a été bon, le son puissant, le visuel dynamique. Je suis réellement contente, alors que j’avais avant de venir quelques angoisses quand à mon niveau d’appréciation possible.
Une très bonne soirée pour mon premier concert au Trabendo. La salle est sympathique, le cadre bien choisi et l'organisation agréable. Les trois groupes qui se sont produits nous ont proposés des performances différentes les unes des autres, mais toutes les trois étaient de bonne qualité. GRAVDAL possède le potentiel de devenir un groupe solide dans le domaine du black metal, KEEP OF KALESSIN s'avère proposer une musique consistante dont le prochain album devra certainement retenir l'attention des charts quant à GORGOROTH il eut été réellement préjudiciable de ne pas assister à leur performance. Le nom est fameux, leur musique ne l'en est pas moins. Le dernier album, est assez différent des précédents, plus calme et plus arrangé mais reste dans le haut du panier.
Le black metal n'a au final plus grand chose à voir avec le death mais il faut quand même bien reconnaître que, en faisant le tour des concerts des deux genres auxquels j'ai pu assister, c'est lui qui possède l'énergie la plus brute. Pas en terme de créativité certes mais c'est celui qui permet le mieux de se sentir vivant quand il ne reste plus que la musique.
LONG LIVE BLACK METAL !! (même si je préfère toujours le Death)
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