Une fois n’est pas coutume et encore moins ces derniers temps, j’ai décidé de me faire un trip revival en allant soutenir l’underground très très obscur et extrême. J’avais le choix entre du black metal bourrin et crados à souhait et me taper une file de gothopoufs tout juste sorties du grouft; j’ai décidé que je passerai un moment plus détendu avec une bande de métalleux crassous. Au final j’ai bien rigolé, j’ai assisté à un concert très « retours aux origines » du genre même si la conclusion de la soirée s’avère être plutôt en demi-teinte.
La foule n'était pas au rendez-vous pour ce concert en tous cas; soit parce que le week-end de Pâques fut rude, soit parce que les groupes étaient vraiment très très obscurs. Je ne pense pas que nous fumes plus de 150 personnes à venir soutenir la scène black-métal Française pour ce concert au Glaz'art. Le public s'avère cependant être authentique, puisque les rares petits groupes qui patientent devant l'entrée de la salle ont déjà commencé à noyer leurs neurones dans la bière. Le public est invariablement vêtu de treillis noir, a les cheveux très longs et se ballade en général le perfecto cousu de patchs. Le public métal, c'est un public que j'aime bien; on pourra dire ce que l'on veut, je me sens même en sécurité entourée de ces gens.
J'avais exprimé mon agréable étonnement concernant l'accueil et le service fournis par le Glaz'art lors du concert de Scott Kelly; le concert de ce soir a remis bien malheureusement les pendules à l'heure. La fouille n'est pas agréable, le personnel de la salle (je précise bien de la salle hein) est toujours aimable comme une porte de prison, et ce soir cela ira même jusqu'à l'expression de vouloir gâcher la soirée de tout le monde. Malheureusement pour ces opportunistes de l'emploi aidé, le public de ce soir consomme beaucoup et çà, çà permet en partie de faire passer la pilule.
Le stand de merchandising s'avère être exceptionnel pour le concert de ce soir; pas réellement en ce qui concerne celui dédié aux groupes, mais car ce soir nous avons à notre disposition un vrai stand de disquaire. On y trouve en vrac la discographie de Marduk ou bien encore de Mayhem (même si dans ce dernier cas, ce n'est plutôt pas bien dur). Donc, si on s'ennuie pendant le concert, on peut quand même faire ses petites emplettes. Le hoodie de Hell Militia est assez beau; c'est pour çà que je suis repartie avec.
La soirée est 100% française, et elle démarre avec AOSOTH. Le groupe vient de Paris, ils n'ont pas eu beaucoup de chemin à faire. Surtout que AOSOTH se compose au départ d'une seule et même personne, le reste du line-up étant là pour faire du mouvement sur scène pendant la performance. Mais bon, c'est intéressant à regarder et, je dirais volontiers à écouter. déjà pour AOSOTH, çà se gâte. Pas de retour dans les micros, pas de retour pour le batteur et pas de retour après le début du concert pour le bassiste. C'est pas très professionnel tout çà mais comme c'est censé être le boulot de l'ingé son, on ne peut pas en vouloir du tout au groupe (ni au tourneur mais çà c'est normal, c'est Mr GARMONBOZIA). Le visuel fait très panda comme j'aime à les appeler; faciès blancs, orbites grisés, avec une teinte globale assez terne. Cependant, quand bien même je sais parfaitement qu'il s'agit de faire penser à l'image d'un cadavre ou d'un zombie , j'ai plutôt tendance à y voir une expression décatie du kabuki ou de la pantomime (parce que des cadavres j'en ai vu passer. Et même des pas frais du tout et des particulièrement amochés). Ensuite, mon côté frivole et généreux est d'emblée amené à apprécier ce genres de petits détails, expression de l'implication des artistes à mes yeux. Beaucoup d'énergie d'ailleurs pendant le concert; tout le monde donne tout ce qu'il a et la mobilité du chanteur de ce soir est particulièrement appréciable (et le bassiste est des plus halluciné. C'est chouette). La composition est assez traditionnelle je dirais, avec des phrases musicales assez simples, mais qui se répètent en continue, parfois entrecoupées de développements tantôt plus agressifs, tantôt plus réflectifs. On joue pas mal avec la dissonance et l'écriture pourrait ressembler de loin à du Debussy. par contre, on a une voix écorchée qui tape plus dans les médium ou les graves que dans les aiguës, comme j'aime particulièrement. L'ensemble s'avère assez cohérent, ferme et décidé. C'est rapide, violent et çà sent la sueur. Le son par contre est dégueulasse. Je sais que normalement c'est « censé » être mauvais, mais à ce point, il y a quand même un abus. Si çà fait chier le branleur à la console de gérer le son de cette scène là, qu'il laisse sa place (et son salaire) à quelqu'un d'autre pour ce genre d’événement. Je suis persuadée que même ce soir, il devait y avoir présent au moins 4 ou 5 wanabee ingé son voir même ingé son tout court. C'est quand même malheureux de se rendre compte que l'intolérance la plus flagrante et la plus crasse provient des êtres les plus misérables et insignifiants qui soient... Le public se rend bien compte que le son est pourri; même si la performance globale est bonne, une certaine dose de scepticisme se fait sentir.
Enfin bon. A la différence de certains publics, la marginalisation générale de ce milieu le rend au contraire un tout petit peu tolérant. Et puis comme il y a de la bière (qui coûte un bras et qui est à gerber), cela ne va pas l'empêcher d'essayer d'apprécier à sa juste valeur la soirée et le concert. Une dernière petite note concernant les morceaux : celui qui m'a le plus marqué s'avère être une cover du morceau « Inner War » du groupe plus ou moins défunt ANTAEUS. Un super blast, une tornade de violence (plus affirmée que dans l'original), la brise tiède de la sulfateuse qui est en train de chauffer. Une petite impression d'Apocalypse Now ou bien encore d'Aliens, sauf que le son est naturellement surround. Une fin de set toute en puissance donc, pour un petit groupe intéressant et qui aura su montrer sa volonté de marcher dans les pas de ses prédécesseurs.
Une aparté parce que j'aime bien çà, concernant un facteur qui m'a particulièrement déplu tout au long de la soirée. Le concert du jour était censé être underground, çà pas d’hésitation. Un public restreint, limite que des connaisseurs ou initiés je pourrais dire. Et pourtant, 10% de ce public environ n'aura pas payé sa place. Et pourquoi donc me diriez-vous ? Qu'est ce qui peut justifier de tels passe-droits ? Tout simplement car 10 % de ce public était composé de photographes et autres reporters de feuilles de salade spécialisées. C'est plutôt bien pour faire la promotion des groupes au départ, mais il s'avère que nos amis les photographes ce soir se sont montrés particulièrement odieux et envahissants. Le substitue de pénis que certains arborent avec un comportement des plus obséquieux, les a rendu particulièrement imbuvables. On s'est fait marché dessus, on a servi de trépied, on a été poussé et traité comme si le fait d'avoir un appareil qui prend de belles photos (parce que le talent c'est loin d'être çà) leur conférait certains privilèges. J'ai été très souvent tentée de mettre un doigt dans le cul à un ou deux individus mais une bonne éducation et l'éventualité de conséquences pour le moins déplaisantes m'en a dissuadé. En conclusion, il semble apparaître que plus c'est underground, et plus cela attire de vautours et autres opportunistes de la sensation, légitimé par une pseudo casquette de journalistes. Bordel ! Je paye ma place, mais moi, je ne fais pas chier mon monde. Alors quand en plus ce sont des visages que je n'ai vu à aucun autre concert auxquels j'ai pu assister et qui enfilent des bouchons d'oreille avant même que le spectacle n'ai commencé, je considère à juste titre que c'est du fouttage de gueule. La scène existe car le public l'écoute, paye sa place de concert et le cas échéant, achète son merchandising. L'information passe certes par le journalisme mais n'importe qui peut faire part de ses expériences. Il suffit juste de se sortir les doigts du fion et de ne pas avoir froid aux yeux pour lier des contacts. L'information circule alors d'elle-même, se divulgue et prend de l'amplitude sans pour autant avoir besoin de prendre l'apparence d'une cabale obscure au tiers-état. Non, sérieusement, si personne ne lisait le torche-cul pour lequel vous venez vous faire chiez à un concert dont vous n'avez rien à foutre, vous n'auriez même pas l'opportunité de sortir votre ersatz de virilité. ensuite, les voyeurs handicapés de la rétine, çà existe aussi; pour çà, je conseillerais volontiers un bon ophtalmo ou bien encore quelques séances de divan.
Bref, passons, parce que rien que de me remémorer ces éléments je prends 2 points de tension.
Le second set est assuré par un groupe, dont la composition ainsi que le line-up diffère de ce que l'on a pu déjà rencontrer. Pas de batteur pour BLACKLODGE, qui fait un métal extrême plutôt technoïde-Indus. Et là, aussi l'une des raisons pour lesquelles je me suis décidée pour le black métal plutôt que pour le goth-métal, je retrouve notre ami SHANTIDAS. Participation exceptionnelle du monsieur ce soir en tant que vidéo-jockey, afin de soutenir les rythmes et les cris du groupe. Pas vraiment étonnant au demeurant puisque il a fait les basses sur le premier album du groupe. En gros ce sont des potes. Le style m'a un peu fait penser à Ministry à leurs débuts, même si l'ensemble tend quand même un peu plus vers le black. Dans le concept auditif, on a l'impression du mariage atypique du Thunderdome qui se serait fait violé par le black métal. J'ai trouvé çà amusant et étant donné que moi j'aime bien l'indus et même, honte sur moi, certains genres plus techno même qu'electro, j'avoue avoir passé un bon moment, malgré le son pourri qu'aura rendu la salle. C'est dansant et plutôt énergique. Le public est resté hermétique par contre. Quand y'a pas de batteur ou bien trop de samples ou d'arrangements « artificiels », çà coince toujours un peu dans le milieu. Saint Vincent aura eu beau essayer de rallier la fosse à sa cause, les gens se sont lassés assez rapidement et c'est le bar qui a bénéficié du scepticisme global. par contre, on a eu un gros hic durant la performance puisque Narcotic a malencontreusement pété l'attache de sa guitare. Impossible à réparer, impossible aussi de jouer sans la bandoulière. Pas d'instrument de rechange aussi, j'ai bien cru que la dite guitare allait finir comme celles de Pete Townshend. L'initiative d'un des guitaristes de Hell Militia a permis de sauver le reste de la performance. Ensuite, l'indus black-métal, joué sur une guitare électro-accoustique blues, c'est plutôt marrant et çà a son petit côté décalé. Chapeau d'ailleurs aux deux autres protagonistes de la formation qui ont continuer à jouer sans arrêter le show pendant le battement. Pendant ce temps là, SHANTIDAS nous propose un arrangement visuel volontairement crasseux. On va retrouver en vrac des extraits de La montagne sacrée, des morceaux de bandes vidéo sur l’ère industrielle et bien évidemment des bouts de porno. L’ensemble est assez hésitant au début, mais s’avère plus intéressant après le premier tiers. Merci donc au monsieur d’avoir égaillé nos mirettes en soutien de la musique de BLACKLODGE.
Mais nous voilà arrivé à la « tête d'affiche » du soir. Pas une grosse tête d'affiche en soi puisque le groupe est local (for « local people » ? ).
HELL MILITIA propose un Black Metal qu'ils définissent eux-mêmes comme « nécro black metal ». Le style visuel est très panda délavé, mais cela renforce la présence scénique de l'ensemble du groupe. On peut donc observer un mélange visuel entre « corps paint cadaver » et « la momie », puisque le groupe s'est attifé de bandelettes. Le son, quoi que voulu dégueulasse, est quand même particulièrement mauvais et on sent une très grosse différence d'avec « canonisation of the foul spirit ». Le son est assez continu, dur, avec un tempo répétitif, voir même cyclique. Pas de grandes envolées dans la composition, on reste dans un continuum dissonant et limitatif à deux arpèges. Le groupe a la pêche et le chanteur Meyhnach arrangue relativement souvent le public, qui s'avère assez dynamique en réponse. Ça pogotte pas mal au milieu de la fosse et j'ai même eu l'espoir à plusieurs moment que cela serait la fin d'un ou plusieurs appareils photos (malheureusement non hélas, j'en reste déçue déçue déçue...). On notera d'ailleurs la présence de SILENCE dans la joute et qui ne sera pas le dernier à manifester son intérêt pour HELL MILITIA. Quand on prend le temps de regarder un peu le line-up, on se rend compte que chacun des membres est actif dans la scène métal. Chacun en effet contribue à deux trois groupes, dont par exemple LSK qui s'avère collaborer à MERIMACK, groupe qui s'est produit il n'y a pas si longtemps sur Paris.
Une petite aparté rapide (puisque j'aime çà) sur LSK. On sait désormais, je pense, que j'ai une aversion particulière pour les femmes dans le milieu de la musique (dans l'art d'une manière générale); pourtant celle-là elle ne me dérange pas. Peut-être parce qu'elle se contente d'être bassiste sans pour autant vouloir se mettre en avant, ou bien parce que, malgré tout comme d'autres membres du genre féminin, l'engagement à son art semble tellement extrême et dénué d'hypocrisie qu'on ne peut que reconnaître la légitimité de son implication. Je pense entre autre à Patricia Piccinini dans une autre branche, mais ce qu'elle fait ne peut pas laisser indifférent. La contre partie de cette valeur c'est la quantité de merdes produites, réalisées, écrites ou jouées par des femmes qui ne sont encensées que par la nature de leur sexe. Aka Stephenie Meyer fait de la merde et on ne me fera changer d'avis sur ce point. Donc la présence de LSK, non content d'accorder au groupe la présence d'un bassiste correcte et engagé, lui accorde également un bonus nichons plutôt sympathique (elle est bonne, il faut bien l'avouer).
En sus de la performance auditive intense, on retrouve là aussi le principe du vidéo-jockey, même s’il ne s’agit pas cette fois-ci de Shantidas. Un bon métaleux des familles, sur sa console nous propose un ensemble essentiellement basé sur les œuvres expressionnistes en stop-motion des écoles russes et allemandes, tantôt en noir et blanc tantôt en Technicolor. On conserve la trame de la présence maléfique, et on peut même y retrouver Le joueur de flûte de Hamelin. L’ensemble est assez sympathique, quand bien même il va s’avérer plus distractif qu’autre chose.
Beaucoup de problèmes techniques durant le set de HELL MILITIA se sont produits et qui ont eu raison de la patience de Meyhnach . Des problèmes de retours, mais çà c'était déjà là pour Aosoth, mais surtout des problèmes de micro pour le moins énervants. Un facteur dangereux aussi durant la performance puisque la sangle du projecteur placé juste au dessus de la scène s'est décroché. La bride, avant que celle-ci ne lâche aurait pu étrangler le chanteur. C'est Shantidas qui prendra l'initiative de monter rapidement couper cette foutue sangle durant le show, au grand dame du responsable de la salle qui aurait peut-être préféré voir crever une bande de métaleux dans un accident malheureux plutôt que d'assurer ses responsabilités sécuritaires et du respect des normes.
Malgré son apparent agacement, Meyhnach va quand même finir le show en montrant à l'ensemble du public la solidarité qui meut les membres de la scène entre-eux. En effet, pour l'avant dernier morceau, ce sont les protagonistes des deux formations précédentes qui sont invités à monter sur scène pour entonner la ritournelle et ainsi souder les liens des petits d'avec les moins petits (c'est pas EMPEROR non plus). Un geste comme celui-là, même s'il est apparu maladroit parce que pas très bien arrangé, fait plaisir à voir et c'est au final ce genre de détails qui me fait aimer ces gens. Ils ont beau cracher sur la société moderne et faire tout un pataquès satano bordel truc, ce n'est pas chez eux que l'on retrouve le vrai mal, celui de considérer les gens comme des objets ou des artefacts utilitaires. Ils sont impliqués dans leurs convictions certes, mais ne crachent ni sur leur public si sur leurs confrères, même si les styles s'avèrent parfois un peu différents.
Le petit concert de ce soir a été bon. Mon avis reste mitigé malgré tout. Musicalement, les groupes se sont défoncés en prenant à bras le corps l'ensemble des bâtons qu'on leur a mis dans les roues ou les difficultés malheureuses qui sont survenues. Le show a été correct, mais le son a été à chier et une fois de plus, il est apparu que le Glaz'art (il y avait tellement de monde à boire des bières dehors que je n'ai pu voir la mascotte. C'est nul j'y vais aussi pour çà) continue dans la partialité de services qu'on lui connaît. Cette fois-ci je suis en colère puisque, non content de considérer le public comme des moins que rien, c'est aux artistes que l'organisation s'attaque et çà, je trouve cela inexcusable. Si les mouvements « dark » ne représentent pas la panacée de l'organisation, je considère qu'il serait de bon ton de mettre les choses à plat et, le cas échéant, de finalement refuser ce public et ces concerts. Le Nouveau Casino ainsi que Le Trabendo ne semblent pas partager une telle haine; je suis ainsi intimement convaincue que d'autres salles peuvent tout à fait accueillir ce genres d’événements sans discrimination.
Au final je ne peux donc que réaffirmer mon soutien à cette scène, stigmatisée s'il en est. Il en ressort une grande énergie, une grande volonté de reconnaissance et une non moins grande solidarité. Même si le public semble se faire de plus en plus rare pour les concerts (y'a quand même plus de monde pour des concerts de Death ou de Prog), il faut espérer que la scène se perpétue et réussisse à survivre. On attend donc la sortie de « Lords of Chaos » (le cast actuel semble pour le moins discutable et controversé) tout en espérant pouvoir un jour mettre la main sur « Until The Light Takes Us ». Chapeau messieurs-dames, gardez la flamme; c'est malheureux à dire mais le Black a actuellement le vent en poupe. Espérons que certains changeront leur point de vue d'ici quelques temps et qu'ainsi votre implication en sera récompensée (pas trop quand même hein. Le Black Metal doit rester forgé dans le sang et l'acier).
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