CONCERT DU 07 MAI 2010 – BOLT THROWER / ROTTING CHRIST / DEW SCENTED / TREPALIUM

Cela finissait par faire un sacré bout de temps depuis mon dernier concert de Death Metal ; on peut dire ce qu’on veut, mais cela avait fini par me manquer.
Le concert du soir a réussi très largement à combler mon manque de décibels grognantes et hyper-actives.
Déjà, Bolt Thrower c’est du lourd, donc à ne pas manquer. Mais les premières parties se sont révélées être également exceptionnelles en terme de qualités auditives et visuelles, quand bien même la soirée n’était pas établie sous le signe des nécro-pandas.
En tous cas, j’en ai pris plein les mirettes et les ouïes. J’aurai eu des acouphènes et des maux de tête durant deux jours mais mon dieu que cela fut bon.


Après avoir jaugé le potentiel de ventes avec Mr GARMONBOZIA deux jours avant le concert, je me suis dit qu’il faudrait peut-être bien que j’arrive très tôt pour cette soirée. au final, il s’est avéré que 1h15 avant l’ouverture des portes, le parvis de la salle n’était pas vraiment noir de monde. Tant mieux ! j’ai pu me trouver un p’tit coin pour m’asseoir, tout en observant la faune présente. Si tôt à l’avance, ce sont réellement les acharnés qui attendent. Il apparaît déjà cependant que le public va être disparate tant en terme de CSP qu’en âge pour le concert de ce soir ; la tendance sera confirmée par l’arrivée de papas - mamans accompagnant exceptionnellement et parfois même plutôt traînant leurs rejetons (certains de moins de 15 ans) pour assister au concert de BOLT THROWER. Nos anglais du soir sont d’ailleurs polis, courtois et bien élevés.
La soirée s’annonce agréable et les gens qui arrivent au fur et à mesure que le temps passe ont tous l’air contents d’y être.

Bon ; le mot du soir est « puissant ». Je préfère prévenir parce qu’il y’a de fortes chances pour que je l’utilise très souvent. La soirée dans son intégralité aura été basée sur le signe d’une musique forte et chacune des formations, à sa manière propre aura fait montre du meilleur de son talent et de son implication dans la scène et dans son art.La soirée va commencer par un petit groupe français (signé chez Seaon of Mist) que Mr GARMONBOZIA considère, je pense à juste titre, comme étant actuellement le meilleur groupe de Death Metal français.
TREPALIUM, a défaut de suivre les canons du genre, propose au contraire une approche plus « grooooovy » du death. Musicalement c’est très élaboré, technique et l’ensemble est agréable et odieusement dynamique. Le concert de ce soir est un peu différent de ce que le groupe propose généralement puisque KK, le chanteur attitré, est actuellement à l’hôpital pour cause d’appendicite. Pour tenter de remplacer le funk et la puissance désinvolte de Kéké, le groupe est accompagné ce soir de deux remplaçants : Yann, le chanteur de KLONE qui joue dans la cours du prog métal et de Luis, chanteur de SINSCALE (eux j’attends de savoir ce qu’ils font) qui sont des potes à GARMONBOZIA. Le show est couillu à souhait, élastique également et Luis s’impose radicalement en Mr Loyal. Ca bouge beaucoup, çà dépote, c’est puissant. Le son est très bon, les lumières extrêmement dynamiques. Même si le public reste un peu tiède, on constate cependant un mouvement d’avancée vers la scène ; ça commence vaguement à bouger, la prestation scénique du groupe, leur mobilité, leur aspect détendu va dérider les faciès fatigués de la semaine de boulot qui s’achève. Avoir deux chanteurs au lieu d’un c’est fascinant à regarder ; d’autant plus si les parties en question semblent copains comme cochons avec le reste du groupe et que surtout, les personnalités sont bien différentes comme ce soir. Yann s’avère plus grovvy, évoluant avec souplesse et décontraction, arborant un large sourire sur un visage ouvert. En contrepartie, Luis a une approche de la scène agressive, recherche plus l’assentiment d’un public dont il mesure l’implication par les mouvements dans la fosse. Le duo de choc permet d’avoir tout à la fois une approche tendre et forte de la musique de TREPALIUM. Le batteur du groupe est un lutteur en puissance ; son gabarit ferait penser que son jeu puisse être agressif et brut et cependant, il manie ses éléments avec la justesse et la précision d’un jazzman. Le paradoxe est amusant à regarder et à entendre. La plupart des morceaux que le groupe va interpréter sont tirés des deux derniers albums ; on sent une évolution de la matière et de la composition pour le moins intéressante, puisque de "Alchemik Clockwork Of Disorder" à "XII" la complexité des morceaux se fait décemment entendre. J’ai personnellement un faible pour le « Sick Boogie murder » tiré de "Alchemik Clockwork Of Disorder" ainsi que pour le « addicted to oblivion » du dernier album.
Non décidément TREPALIUM c’est suffisamment bien pour que j’en ai acheté le dernier CD le soir même et, même si KéKé manque à l’appel, les deux remplaçants remplissent à merveille la tache qui leur incombe.

La conclusion est relativement positive pour une première partie et la salle s’apprête dors et déjà à recevoir la seconde partie dans une atmosphère électrique.

Le maître mot pour DEW SCENTED c'est « cheisse »; scheisse parce que zut et crotte le prochain album ne sort que le 24 de ce mois (d'où aussi mon délais pour finir cette chronique).
On en reste toujours au mot du jour parce que DEW SCENTED c'est tout aussi puissant et ventilatoire que le reste.
Trash dans son essence, les arrangements sont pourtant vraiment biens et le son global de ce soir est arrangé avec goût et dynamisme. On a une très bonne dissociation des différentes partitions à l'oreille et l'ensemble, quoique moins jazzy que nos petits charentais fleurte parfois avec un métal progressif énervé.
DEW SCENTED appuie ce que j'avais précédemment dit sur LONG DISTANCE CALLING; dans le métal, les allemands ils sont douéss alors que pour l'ambiant çà mérite de rentrer chez maman pour jouer avec sa bite.
Le groupe existe depuis 1992 et l'habitude de la scène et l'endurance à la performance se fait clairement ressentir. Une espèce de force tranquille émane de l'ensemble des protagonistes et plus particulièrement, puisque c'est lui qui parle au public, de la part de Leif JENSEN.
DEW SCENTED nous présente son trash métal à couper le souffle. C’est mobile et çà fait bouger les petites fesses des gens ; c’est violent et agressif tout en restant dans une idée plutôt positive. Visuellement, çà s'agite pas mal et l’espace, quand bien même réduit, est utilisé à bon escient. La formation conserve du trash un chant énergique et une voix éraillée à souhait (j’ai pourtant du mal à imaginer que le Schnaps puisse faire un timbre pareil…). D’un point de vue de la composition musicale cependant, on a certes les bases d’un métal speed mais les arrangements et l’écriture sont très heavy (l’un découle de l’autre mais bon). Les partitions de guitare sont assez complexes et on pourrait vaguement rapprocher leur composition de celles des inventions de J.S. BACH (on reste donc très très Allemand m’sieur-Dame).
On a la chance ce soir d’avoir certains morceaux du très prochain album en préview ; tout çà pour dire que ce dernier album « INVOCATION » va s’avérer être encore meilleur qu’ « INCINERATE ». Une fois de plus le temps fait son effet sur l’évolution du groupe et de sa musique, mais dans le cas qui nous intéresse, INVOCATION est une suite plus naturelle et Logique à ses prédécesseurs. On retrouve une progression dans l’écriture qui reste cohérente et relativement constante, le groupe semble avoir trouvé, depuis le temps, son identité propre. Certes on peut y entendre SLAYER ou SEPULTURA, mais le son est vraiment bien défini et personnel. En réfléchissant un petit peu, on peut même envisager un semblant de TRUST (çà me rappelle DITHYRAMBE tiens….), mais avec une composition quand même plus moderne. Les solos sont bien calés, le batteur fait voler ses baguettes et l’ensemble tournoie avec rage et malgré tout élégance.
Les lumières sont particulièrement dynamiques et on approche de la limite stroboscopique. L’ensemble pourrait s’avérer un chouilla éprouvant, mais le rapport de Jensen avec le public, ses commentaires et sa communication parfois en Français ont la capacité d’assouplir les esprits et les corps qui s’échauffent dans la fosse. En outre, le bonhomme dégage une tranquillité et un calme qui le rendent automatiquement attachant.
Le set va être un peu court, mais quand on parle de trash ou bien de speed, c’est toujours trop court.

DEW SCENTED c’est du bon, courrez acheter le dernier album, il vaut largement son pesant de cacahuètes.

Le dernier groupe à passer avant BOLT THROWER n’est, à ma grande surprise toujours pas encore considéré comme une tête d’affiche à part entière. Cela m’a d’autant plus surpris que ROTTING CHRIST se produit depuis 1987 et qu’à ce titre, il aurait du depuis belle lurette acquérir ses lettres de noblesse au sein de la scène métal. Qu’importe, le style musical du groupe a quand même assez changé depuis le premier album et à vrai dire, je trouve cela plutôt pas mal.
Mettons tout de suite les choses au point : le grec (tout comme le sandwich du même nom) se reconnaît d’emblée. Tout comme SUICIDAL ANGELS les membres de ROTTING CHRIST sont plus des poneys que des éphèbes, le sang est fort et le génome est flagrant. J’aime bien moi ces petits bonshommes (exception faite cependant de Thémis TOLIS qui a plus l’air d’être une doublure de Gerard Butler dans 300) bruns, poilus et chevelus. Les grecs transpirent les attribues du passé que sont la fierté, l’honneur et la ferveur au combat qui avait fait leur renommée dans l’histoire antique ; dans le cas présent, c’est sur scène que cette énergie se développe. Dieu merci pour nous, cela n’a quand même rien à voir avec Sakis Rouvas ; je laisse le  « bôgosse » aux midinettes et me satisfais larrrrrrrgement d’un Tolis énervé et conquérant.
Musicalement c’est plus que correcte ; connoté « dark » (mouais) le dernier album puise pas mal dans les racines de la tradition musicale grec. Une sorte de retour aux sources culturelles qui s’était amorcé avec le précédent album, mais qui est indéniable sur celui-ci. AELAO (ne pas confondre avec HALO même si la ferveur au combat pourrait rapprocher les deux et que la bande son est sympa) est un album qui fait un cross-gender assez bien réussi entre tradition, mythologie (il fallait que je la place) et modernisme ; tout en sachant que ce dernier est lui-même assez fouillé et va aussi puiser ses sources dans plusieurs styles musicaux et empreintes culturelles. C’est vrai qu’on pourrait une fois encore se contenter de dire que c’est juste une musique de charge d’hélicoptères tellement c’est ronflant et que çà brasse de l’air mais j’affectionne tout particulièrement cet album là (je sais c’est nul, je l’ai découvert ce soir. Honte sur moi) et quand j’aime réellement quelque chose, il faut que je le décortique, le triture, essaye de le comprendre pour ensuite espérer pouvoir le remonter dans le bon sens (et pourtant je n’ai de passion particulière ni pour les serrures, ni pour les pendules). Démonstration de cette idée de mixité : ROTTING CHRIST, ils font indéniablement du métal. DIAMANDA GALAS, elle, fait de l’expérimental. Et bien le dernier morceau de l’album est une cover du « Orders of the Dead » du second par le dernier. C’est très bien amené, très bien arrangé, çà passe tout seul. Conclusion étant que, le dernier ROTTING CHRIST il est très bien. Parlons maintenant du show.
L’ensemble est puissant ; çà ronfle, çà bouge aussi beaucoup dans la fosse. Le métal dispensé par le groupe est efficace, la présence scénique des protagonistes est évidente. Beaucoup de Wheelings, y’a de la matière et le niveau des musiciens est correcte. On notera surtout la maîtrise de George BOKOS ainsi que, toujours musicalement parlant, le flegme de Thémis TOLIS qui semblent se balader derrière ses fûts sans réellement exprimer la moindre gène ou difficulté. Le set est plus long que les deux précédents, l’ensemble des albums est plus ou moins exprimé.
Ce qui m’a le plus impressionné concernant ROTTING CHRIST, c’est Sakis TOLIS. A la différence d’Helmuth Lehner, qui semble mesurer 2,50 mètres lorsqu’il est sur scène, Sakis TOLIS n’apparaît pas comme un géant; il exsude pourtant du personnage un charisme qui force le respect, parce que c’est sur une notion d’espace à trois dimension qu’il arrive à s’imposer. Sa prestation (malgré ses expressions à la zohan Dvir), ses mouvements sont une référence direct à l’art de la guerre . Il hurle, scande en direction du public ; il le prend à partie et s’impose en mâle dominant en se frappant régulièrement la poitrine (je serais mauvaise je pourrais dire que çà fait très pleureuse aussi avec les cheveux longs toussah…). Il scrute la fosse, la domine avec défiance et considération. Il apparaît chez lui comme un rapport paradoxal à la scène. Tout à la fois, il a avec le public un rapport de force évident mais cherche également son soutien ainsi que son approbation. Il donne aussi l’impression d’être totalement abandonné et même sacrifié à sa performance (pour un discourt anti-christique, çà fait un peu martyre trans-substantifié quand même)et à son art et pourtant il ne laisse aucune hésitation sur sa quasi parfaite maîtrise de la situation. Le voir évoluer sur scène fut un plaisir non dissimulé tant il soutient le visuel pratiquement à lui tout seul. Non content de cela, Sakis Tolis distille tout au long de son concert cette ferveur guerrière, propre aux grands généraux. Les autres membres du groupe, malgré leurs qualités indéniables s’en retrouvent occultés et cependant, la dévotion du soldat à son capitaine est très largement visible. Chacun fait don de son être à la phalange et s’abandonne à son roi ; Cette unité le porte, le suit, répond à ses commandements et réagit par osmose. C’est l’inertie que ce chef de guerre réussit à insuffler à ses troupes qui permet à l’unité de surmonter l’épreuve et d’accéder à la victoire. Il est à se demander si le petit monsieur a un jour lu ou non Sun Tsu ; la stratégie qu’il utilise est souple, rapide et cependant sévèrement burné. Le niveau de tensions est assez élevé et l’énergie qui parcourt le public, tantôt souple tantôt rigide, s’avère très positive. J’ai l’impression de commenter un film de gladiateur là, mais comme ils sont grecs, on pourra m’excuser cette tendancieuse ellipse rhétorique. Je préférerais avoir ce chien de guerre de mon côté plutôt que contre moi (ou bien tout contre ! ) si une situation de conflit se présentait.
Le moment passé en compagnie de ROTTING CHRIST s’avère très agréable à écouter et à regarder. Le set est effectué avec une grande assurance et finalement beaucoup de succès. La prestation scénique est puissante et s’avère fédératrice au sein du public. Le discourt général rappelle un peu celui de SUIDICAL ANGELS (et encore plus loin celui de KRISIUN) et il faut bien avouer que le beuglement du mot « SATANNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN » soulève toujours aussi bien l’émotion du public. C’est pas forcément très adulte, mais c’est marrant . Et tout ce qui peut me donner l’illusion d’avoir encore 25 ans, moi, je prends.

Une dernière disgression qui, rétrospectivement, me fait beaucoup rire : le thème sur lequel le groupe est entré sur scène. Utiliser 300 comme bande son d’ouverture du set au premier abord c’est plutôt sympathique ; c’est très très pop, un peu chauvin aussi mais cela permet de recentrer les esprits dispersés à la cause qui va animer la scène quelques instants après. Je ne peux dire du mal de l’utilisation de la bande son de Tyler Bates parce qu’elle s’avère relativement bonne (même si elle est soumise à controverse) et qu’en plus j’ai un faible pour les productions de Frank Miller. Cependant, si on y regarde à deux fois, je trouve un certain paradoxe dans le fait que ROTTING CHRIST ai choisi spécifiquement ce film comme illustration de leurs racines. Ces braves messieurs sont d’Athènes, par extension des Athéniens, alors que le film suscité relate les actions de l’un des rois de Spartes. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque de la bataille des Thermopyles, les citées états passaient quand même leur temps à se foutre sur la gueule, ce qui illustre parfaitement le concept d’assolement triennal (on se bas pour 15 mètre carrés de champs, tu les gardes pendant trois ans, on se bas trois ans dessus et ensuite on attend 3 ans que çà repousse !).

Ma conclusion concernant ROTTING CHRIST n’est pas vraiment partiale ; j’ai adoré, tout simplement. Les crossovers de genres (dans le cas présent du métal et des tonalités traditionnelles si on se cantonne au concert) j’en suis fan et le show est plutôt « émoustillant » à regarder. Donc : miam-miam (ce n’est pas de moi c’est du Top Dollars).

Et nous voilà arrivé au clou de la soirée. Pour la peine, le Trabendo est plein à craquer et il faut faire attention à retrouver ses chatons tellement la surface « habitable » se trouve réduite.
Les gens ont répondu présent à l’annonce du concert et une telle fidélité fait bondir mon petit cœur.
Le groupe n’est pas récent, puisqu’il tourne depuis 1986. Karl Willets en fera d’ailleurs mention au début du show puisque selon lui au bout de 24 ans, c’est un peu comme si l’on était une grande famille. On en revient donc aux sentiments mutuels qui relient le groupe à son public. BOLT THROWER est un groupe qui dégage un très sentiment d’assurance ; le concert va se dérouler comme s’il s’agissait uniquement de nous faire prendre le thé alors qu’en fait la performance est violente et le public agressif. L’entrée du groupe s’effectue sur une composition ultra-martiale, façon POLEDOURIS pour Starships Troopers ; cependant, la composition se rapproche un peu plus des éléments que l’on retrouve dans les jeux comme DAWN of WAR. L’association est certes facile mais toujours agréable ; J’aime bien l’iconographie de WARHAMMER 40,000 et en plus le son BOLT THROWER est excellent. Parler d’une ovation lors de l’entrée du groupe sur scène n’est qu’un doux euphémisme ; c’est plutôt une déferlante tonitruante qui remplit la salle et qui ne s’arrêtera que lorsque Karl prendra la parole.
BOLT THROWERS est un groupe très très anglais ; et la reconnaissance des fidèles serviteurs de sa majesté ne s’arrête pas aux critères physiques. Certes ils culminent tous à plus d’un mètre 80 (sauf Joe Bench), certes ils ont tous plus ou moins les dents qui mordent dans le bifteck mais c’est surtout dans le cadre de l’écoute que BOLT THROWER m’a le plus impressionné. Voir et écouter un album sont deux choses différentes ; d’une part parce que les arrangements sont au départ différents mais aussi de la part du réarrangement des morceaux le cas échéant. Trouver des comparatifs dans le milieu du métal s’avère un peu difficile ; BT ressemble à BT et le son proposé au sein de cette scène reste pour le moins unique. C’est dans l’ancestrale culture du rock anglais qu’il faut chercher des moyens de comparaisons, et c’est en cela (j’y arrive enfin) que le son de la perfide Albion se singularise. J’ai pris une grosse claque en prenant conscience que BOLT THROWER, et bien çà ressemble comme deux gouttes de Cherry à THE WHO (et dieu sait que j'aime le Cherry). Le son certes rappelle les arrangements de Townshend, une certaine désinvolture matinée d’assurance mais d’un point de vue du visuel, le dénominateur commun est également marquant. On retrouve le même principe de gestuel chez Willets que l’on a également chez Daltrey, y compris dans la manière de tenir et chanter dans son micro.
Bon musicalement, BOLT THROWER y’a rien à redire. Tout est sympa, l’évolution musicale est intéressante même s’il faut bien avouer que dès le départ (on se basera sur la PEEL SESSION de 1988) le son du groupe était intéressant. Le set est puissant, grondant et particulièrement carré.
D’un autre côté, jamais je n’ai eu l’occasion de voir autant de stage diving que ce soir. Et pourtant, il ne s’agira que de la partie émergée de l’icerberg que représente le public de la fosse. Ca bouge, çà se pousse, on aurait presque l’impression de voir une nuée de peaux vertes se battre pour un morceau de champignons. Dans le lot (moi j’aime bien ce genre de détail) on peut voir que Luis n’est pas le dernier à donner des coudes et que, pourtant planqué en retrait à côté des balances, Thémis Tolis semble savourer le concert auquel il assiste ce soir. Willets viendra d’ailleurs arranguer non seulement l’ensemble du premier rang de pébrons mais prendra même la peine de s’adresser plus ou moins personnellement aux deux pitas garnies qui observent la performance de leur camp retranché.
Le rapport avec le public s’avère là encore très anglais. En cela, je retrouve en Willets ce qui m’a le plus plus dans la performance de Ronan Harris ; le ton est détendu mais reste ferme, une pointe d’humour désinvolte parsème le show et les deux stimulent le public à participer (on en revient au voyeur vu et au spectateur acteur). BOLT THROWER diffère cependant d’avec les autres niches par cette impression de diapason entre chacun des protagonistes, de la scène ou du public, voire même une vague fragrance de coalition. Plutôt amusant quand on y réfléchit, puisque « Burn the heretic, kill the mutant, purge the unclean » c’est quand même pas très ouvert. Le paradoxe sous-jacent me fait bien rigoler je dirais et puis de toutes façons, je préfère jouer le chaos quel que soit le jeu (sauf que j’aime bien les nains moi….. mais on a les nains du chaos pour se consoler).
Bref !
Le set va s’avérer relativement long et cependant c’est tellement jouissif que cela aura paru trop court. Du début à la fin on en aura pris plein les oreilles, avec l’impression de s’être fait piétiné par un putain de Dreadnought (qui aura profiter pour nous assener un défouraillage de canons lourds en règle). La performance s’achève qu’on en aurait presque envie d’aller chasser l’hérétique à coup de gobelet en plastique, afin de transmettre à notre tour la parole de l’empereur. Et puis sans déconner une arrête de feuille de papier çà coupe sacrement fort si on y met de la bonne volonté ; et comme tout le monde est muni de son petit billet….. En tous cas, les membres du groupe semblent eux aussi avoir apprécié le concert de ce soir, et les remerciements s’avèrent mutuels. On peut aisément déceler une certaine forme de contentement qui s’en dégage après le rappel (un peu de fatigue aussi d’ailleurs).

Merci donc à nos « meilleurs ennemis » pour le show de ce soir. BOLT THROWER n’a rien perdu de sa superbe en l’espace de bientôt 25 ans et, même s’il ne jouent pas dans la même catégorie et n’ont pas reçus autant d’honneurs qu’eux, ils sont, je trouve, à placer au même niveau qu’OPETH (mais j’ai un faible pour les Rosebeefs).

Ouf. Voilà, la rétrospective d’une soirée enivrante, pleines de couleurs, de charmes et de senteurs étrangères.
On a eu droit à beaucoup de puissance, illustré par 4 groupes à la musicalité totalement différente. Les influences ont été variées, il n’aura été nullement question de s’ennuyer. Pas de battements ou de relâchement durant la soirée, les formations qui se sont produites devant nous étaient toutes d’une qualité exceptionnelle, qu’il s’agisse des outsiders ou bien des monstres rompus. Une soirée à vous donner le tournis, mais pas à vous donner la gerbe au corps. Au final on rentre donc chez soi satisfait, fatigué mais avec l’espoir de pouvoir assister de nouveaux à des événements aussi exceptionnels que celui auquel on vient d’assister et qui prend peu à peu l’aspect d’une épiphanie ou d’une révélation dans ce qui nous sert communément de boite à souvenirs.