Je connaissais KATATONIA quand ils faisaient encore du death, le nom ne m'était donc pas inconnu. Et puis j'ai découvert, après de longues années passées dans le Davy Jone's locker, que désormais ils faisaient du métal alternatif et là, j'ai eu une épiphanie.
Autant dire de suite que j'ai pris mes billets fissa auprès de Mr GARMONBOZIA lorsque j'ai eu vent qu'ils repassaient en 2010 (pour la sortie du EP). Le concert était complet et le Nouveau Casino blindé pour l'occasion. Tout dans l'ambiance même de la soirée à venir présageait d'un bon concert et un je ne sais quoi dans l'air me faisait envisager qu'en plus d'être bon, le show serait brillant et riche en émotions.
Quand le printemps pointe son nez, comme on a pu le sentir ce soir là, tout dans l'atmosphère respire le retour de Proserpine. Les vrais premiers rayons de soleil du renouveau, une brise légère et tiède, une lumière douce qui se développe discrètement à travers les rues parisiennes déjà fourmillantes d'une population enjouée et riante. C'est donc le cœur chargé d'une bonne humeur et d'un positivisme certain que je me pointe devant l'entrée du nouveau casino une grosse heure de demie avant l'ouverture des portes. A la différence d'ULVER, le temps étant plus clément, on ne se pèle donc pas les fesses et on ne manque pas de tabac. Une bonne chose puisque, partant avec le souvenir d’ULVER justement, on avait du attendre une grosse demi-heure.
Soit l’attente fut plus courte que prévue soit il fut facile de trouver de quoi palabrer parce qu’au final, le nouveau casino s’est retrouvé rapidement ouvert. Quoiqu’il en soit, même en étant dans le premier tiers de la file d’attente, les gens s’amassent de suite devant la scène.
Le temps de faire un petit tour au stand de merchandising pour acheter le hoodie associé à la tournée de promotion de « night is the new day » et zou, amassons-nous donc dans la joie et la sueur.
Initialement, mon entourage déterminait Katatonia comme étant un groupe à MILFs. Terme assez paradoxal en fait puisqu’il va s’avérer que la majeure partie du public est masculine. C’est d’ailleurs quelque chose d’assez comique remis dans son contexte parce que les groupes qui attirent le plus de femelles sont aussi les plus violents. Telles ont été du moins mes observations jusqu’alors. En soi, je ne me plains pas moi ; la quantité de chevelus et autres belles plantes dans le même style est conséquente, et à priori également de qualité. Je ne peux que me remémorer le gentil petit photographe de Pavillon 666 qui, malgré ses grands airs de mâle dominant et sévèrement burné confesse limite en rougissant qu’il aime AUSSI le métal alternatif. En tous cas, la soirée sera à classer hors des conventions narratives habituelles et au final riche en émotions et rebondissements (j’en veux juste un peu à mon tourneur préféré d’avoir passé la fin de soirée à la CANTADA avec les groupes mais sans moi).
Le premier groupe qui va ouvrir la soirée est allemand. Je tiens à insister sur la nationalité de ces braves gens puisque cela va me permettre de continuer à casser du sucre sur le dos d’INADE. Pour ceux qui ont suivi mes périclitations (non pas transcendantales. Quoique, entre INADE et TAT…), j’avais émis à l’époque un doute sur les compétences musicales des allemands ; tout du moins en terme de compositions modernes. La soirée LOKI Foundation avait été marquée par une grande frustration visuelle et sonore, ainsi que par l’ennui d’assister à un concert des plus « chianto-spectif » mou. La conclusion avait été des plus amère, et ma conception des musiques allemandes s’en était retrouvée cruellement diminuée. Autant dire que LONG DISTANCE CALLING avait entre ses mains un enjeu de poids.
Après le concert de ce soir, les allemands sont remontés en flèche dans mon estime ; non seulement d’un point de vu musical mais aussi, et c’est extrêmement important pour moi, aux vues du rapport franco-allemand qui s’est instauré durant l’ensemble de la soirée entre le groupe et le public. LONG DISTANCE CALLING se compose des musiciens habituels mais ce qui est intéressant c'est surtout qu'ils ont à leur actif un « programmeur » pour les ambiances. Reimut Van Bonn s'avère donc être le grand mec à un bout de la scène qui se défonce sur son MacBook. Bizarrement et pour changer, tout ne tourne pas autours d'un vulgaire ordinateur déifié chez ces allemands là... Non. Les pièces musicales tournent autours de la batterie chez eux; cela s'entend bien sur l'album mais de visu c'est encore plus flagrant. Janosch s'avère d'ailleurs être un relativement bon musicien dans sa partie, mais le niveau général du groupe est élevé de toutes façons.
LONG DISTANCE CALLING nous propose un son entre le prog et le post-rock (défini par wikipedia), mais les influences sont plus étendues. On y retrouve des parties de batteries plus dures, avec parfois même du blast beat, des arrangements plus psychédéliques dans le son électrique des guitares et même certains éléments du rhythm’n’blues original. Leur musique fait d'ailleurs penser à un mélange entre Mike Oldfield et Pink Floyd, avec une pointe de TOTO au milieu. Par contre, en citant Toto, il faut se débarrasser de l'idée même de « Rosanna ». Leur musique, faite de longues pièces musicales, permet un développement structuré tout en restant relativement dynamique. Les ambiances sont correctement amenées et se superposent délicatement avec les sons électriques. L'ensemble est bon et rafraichissant. Au fur et à mesure de leur performance, on sent que la salle se détend; plutôt paradoxale pour un concert de métal quand on pense que traditionnellement il faut au contraire la chauffer, mais pour la soirée, une impression exquise de bien-être et de détente s'instille doucement pour le plus grand bénéfice des autres groupes. Le set m'a semblé trop court, même si les morceaux sont longs. Le seul petit regret concernant leur performance sera qu'ils n'aient pas joué « The Nearing Grave » sur lequel apparaît dans l'album Jonas Renkse. Mais bon; on ne peut pas tout avoir.
LONG DISTANCE CALLING c'est très très bien. Musicalement d'une part, humainement les musiciens sont adorables (merci à Dave et Jan pour leur gentillesse) et en plus la promo du soir était sympa. Me voilà donc repartie avec mon CD de « Avoid The Light » emballé dans le T-shirt de la tournée.
La seconde partie du show est assurée par un groupe que j'ai vu précédemment dans des conditions totalement différentes.
En décembre dernier, celui de Swallow The Sun m'avait laissé une sorte de petit goût amer quant à sa qualité musicale et visuelle. Il faut bien avouer, aussi, que le regarder sur l'écran du Glaz'Art (ne pouvant accéder à la scène) n'avait absolument pas aidé à l'apprécier. Mais ce soir, c'est dans des conditions largement meilleures que j'ai pu assister à leur concert.
Certes la playlist était fondamentalement la même, mais pouvoir voir de mes propres mirettes de quoi il retournait a contribué à faire remonter le groupe et sa musique dans mon estime.
Bon. Swallow The Sun, revenons rapidement dessus, fait du Doom; pour çà, il n'y a pas d'ambivalence possible. On retrouve toujours avec plaisir l'empreinte Black métal ou même Death mélodique dans leur musique, mais c'est surtout en terme visuel plus qu'auditif que le concert s'est avéré largement plus intéressant. Je m'aventure également à dire que le groupe aussi a préféré cette performance à la précédente, puisqu'ils avaient l'air toutefois plus détendus et moins pressés par le staff de finir. Toujours autant d'énergie dans leur concert, et toujours cette impression d'appel de la mer nourricière et originelle. Après avoir entendu StS, maintenant que je peux les voir pour de bon bien en face de moi, l'empreinte du marin ne peut être remise en cause. Les jeux de lumières ont également été meilleurs, plus en rapport avec leur son et gérés de manière plus dynamique. Pouvoir voir Mikko Kotamäki entouré de lumières bleu-ciel ou bien rose, je trouve que çà n'a pas de prix. Les teintes légères et plutôt pastel qui ont été utilisées ce soir collent parfaitement avec la représentation du groupe d'ailleurs. Leur musique se doit d'être écoutée avec le cœur plutôt qu'avec la tête, même si dans ce domaine là aussi on trouve de quoi se satisfaire. Plein de sentiments surviennent à vous lorsque vous assistez à un bon concert de Swallow The Sun et c'est d'ailleurs ce qui aura permis de générer un tel soutien de la part du public. Petite remarque sur le public d'ailleurs; beaucoup plus mâture ce soir qu'en décembre, les gens présents n'avaient absolument rien à voir avec la bande d'avortons avortés qui s'était pris un gros vent en décembre, par cause de méconnaissance du groupe et de leur musique. Non, ce soir, le public connait de quoi il retourne et est capable de réellement apprécier ce qui est en train de se produire devant lui. Je reviens sur les impressions que m'a donné Mikko sur scène. Très empreint de la musique, il s'investit entièrement à l'interprétation de sa partie. Il se dégage tellement d'émotion, tantôt de détresse, tantôt de ferveur que l'expression « cute very exhausted dying kitten » m'est venue à l'esprit. On hésite à monter sur scène afin d'abréger ses souffrances ou bien le prendre dans ses bras afin de le consoler tendrement. Sa chorégraphie scénique donne parfois l'impression qu'il va s'effondrer sur lui-même, retenant ainsi le souffle de ses gentils compagnons, anxieux à l'idée de recoller les morceaux (qui a de la Loctite ?). Musicalement, çà reste toujours aussi bon, mais le mixage et le son général du Nouveau Casino sont quand même largement meilleurs. Y'a pas à dire, du matériel çà change du tout au tout.
Ensuite, le show fut également totalement différent de part leur rapport avec la salle. Alors qu'en décembre, StS m'était apparu relativement pédant, distant et pour le moins froid, ce soir, c'est tout le contraire qui s'est produit. Gardons quand même une certaine réserve hein; ce sont des nordistes, ils restent donc toute foi plus chaleureux qu'un iceberg qui se serait détaché de la banquise pour venir dériver dans la mer du Nord. Mais il y a quand même un très gros progrès; ce qui me fait redire qu'ils étaient eux-mêmes beaucoup plus détendus et largement plus satisfaits du concert au Nouveau Casino. Même le petit raté de Markus Jämsen fut accueilli de manière débonnaire avec beaucoup d'humour et de chaleur. Les aléas de la scène comme ceux-là (rappelons les déboires de KATAKLYSM) permettent de mesurer l'attachement du public et dans le cas présent le public aime vraiment Swallow The Sun. Personnellement j'affectionne toujours autant « These Hours of Despair » qui sent bon le black symphonique et la dernière qu'il ait jouée ce soir, c'est à dire « Swallow ». Ensuite, StS reste une valeur sure et ce, depuis le premier album. Je ne peux donc que conseiller de se pencher assidument sur ce groupe au final au combien sympathique (merci à Matti et surtout à Markus pour ses grands yeux humides et la monstration de sa gratitude). De la même manière que pour LDC, j'aurais quand même bien aimé voir Renkse jouer avec eux « The Justice Of Suffering ».
Mais nous voilà arrivé au passage sur scène de la tête d'affiche.
Je vais quand même faire une petite digression parce que, alors que l'on n'était pas encore le 17 mars, nous est apparu un gentil petit Leprechaun. Tout comme l'ensemble de son espèce, celui-ci était armé de sa petite ceinture, bardée de gros outil s'affairant sur son or. Présentement il s'agissait plus des réglages du matériel du groupe, mais la dévotion et l'assiduité avec laquelle il a scotché à la duck tape les pieds du micro de Jonas était particulièrement attendrissant. L'œil vif et le poil fourni, le Leprechaun aura mis tout son cœur à l'ouvrage pour préparer au mieux l'arrivée des grands cordonniers qui allaient se produire devant nous.
Fin de la digression.
Et voilà donc KATATONIA qui arrive sur le devant de la scène. Inutile de dire que la vue même de Jonas Renkse a déchainé les passions et que l'accueil fut des plus bruyants. Étrangement, pas de sifflet ni de « à poil » pour ce groupe. Alors qu'ils étaient venus en France l'an passé, cette tournée là s'avère faire la promotion du LP « the longest Year ».
C'est assez amusant quand même mon attirance pour Katatonia. Au début de leur carrière ils faisaient du death métal et c'est de cette époque que je me souvenais d'eux. Beaucoup de choses ont désormais changées, qu'il s'agisse du line up et surtout du style des compositions. Finies les voix d'outre tombe, Renkse joue déjà depuis pas mal d'années sur un timbre clair qui colle parfaitement avec un style désormais alternatif. Il semble que beaucoup de fans soient assez mitigé quant à la qualité du dernier album « night is the new day »; c'est vrai que celui-ci est plus abordable à l'écoute, mais, à la différence de SATYRICON, il reste très bon sans tomber dans le trivial ou le vulgaire. Renkse écrit des textes toujours aussi obscurs et intelligibles uniquement à lui-même, mais l'ensemble des pièces semble malgré tout plus serein. J'aime personnellement beaucoup ce dernier album; et quand bien même mon entourage n'a de cesse de me répéter que Katatonia c'est de la musique à MILF, il s'est avéré que la majeure partie du public était composée d'hommes. Ensuite, je ne sais pas; un petit quelque chose dans leurs arrangements ou bien la voix même de Renkse qui parle à mon p'tit cœur de trentenaire fripé peut-être ? Au final, le résultat reste le même, et moi j'aime bien « night is the new day ».
Alors que les frères Normann ont décidé de quitter le groupe en décembre dernier, les membres restant sont accompagnés désormais par Per « sodomizer » Eriksson et Niklas « Nille » Sandin; Le show est brillant de toutes façons, mais le professionnalisme des deux petit nouveaux est des plus appréciable.
Une très longue setlist pour la soirée a été prévue, avec malgré tout beaucoup de morceaux du dernier album. Le set commence bien évidemment sur « Forsaker », et le public va en mouiller son calbar. Le live est un prolongement logique dans ses arrangements de ce que l'on peut ressentir en écoutant les albums avec une pêche et une sensibilité toutefois plus marquée. On retrouve donc malgré tout l'empreinte de leurs premiers amours avec du bon gros son et même du blast beat judicieusement amené. N'en déplaise à certains, on a aussi les accents de la folk et même des airs un peu jazzy ce qui donne parfois une teinte plus « guillerette » au concert.
C'est amusant quand même que les gros chevelus « true evil metal forever or go fuck yourself » s'avèrent en définitif n'être que des gros bisounours. Pardon pour les true métal de la mort qui tue mais même le fucking prince of the fucking darkness s'avère être un brave gars qui aura subit le lâché de ballons durant ses shows. Et puis ce n'est pas parce que l'on boit le sang des vierges à la coupe que l'on n'aime pas le chocolat chaud. Renkse en cela m'est apparu d'une manière un peu différente; à la lecture des textes, à la vue du bonhomme, il semble que ce true métalleux là assume et endure ses faiblesses tout en conservant un côté humain, qu'il arbore sans trop de soucis aux yeux d'un public en train de ronger sa ceinture. Le personnage semble très humain, le rendant d'autant plus accessible à la sensibilité de l'auditeur. Les leaders de beaucoup de groupes, pour lesquels j'ai précédemment assisté aux performances, semblent plus accrochés à cette notion de gloire ou de suprématie. Certains endossent parfaitement ce rôle, s'avérant très abordables au final, d'autres restent au contraire dans une forme de mutisme distant, pas forcément facile à surmonter. KATATONIA est un groupe dont la composition musicale a radicalement changé depuis leur début; malgré cela, le public les suit toujours et c'est peut-être cette confiance qui confère au final son humanité au chanteur.
Tout mon laïus pour dire que l'ambiance s'est avérée totalement différente. Alors que pour le reste de la scène métal, on a durant l'ensemble de la soirée une montée de la tension (surtout valable pour KATAKLYSM ), KATATONIA réussit lui à détendre l'atmosphère tout en dynamisant son public. Alors attention hein, qu'on n'aille pas m'interpréter en disant que c'est soporifique. Du tout du tout. Mes précédents concerts avaient fait ressortir une égrégore plutôt primale, voir brutale; Durant cette soirée, c'est un grand souffle d'énergie positive et de plein de bonnes choses qui en aura découlé. C'est la première fois que j'assiste à ce genre d'évènement, et c'est ma foi plutôt agréable de sortir de la salle sans se sentir totalement fourbue et abrutie. A vue de nez cela n'aura pas déplu non plus au reste de la salle puisque les gens qui trouve que sur galette c'est chiant ont au final beaucoup aimé la prestation live du dit groupe. Il est d'ailleurs à noter que, pour une fois, la salle s'est trouvée remplie dès le début de la première partie. C'est un phénomène suffisamment exceptionnel pour qu'il soit à rappeler. Le groupe aussi semble avoir apprécié la soirée; nous aurons donc droit à deux rappels pour notre plus grand plaisir. J'ai d'ailleurs trouvé çà tellement bien que j'en ai oublié de sauter sur l'artiste comme à mon habitude.
La conclusion du concert de ce soir est donc excellente. Trois très bons groupes, trois ambiances totalement différentes les unes des autres et pourtant, les trois groupes nous ont servi le meilleur d'eux-mêmes sur un plateau d'argent. Le merchandising de LDC a sacrément bien turbiné après le concert, les membres de StS ont papoté avec le public et même les septiques sont repartis satisfaits d'avoir vu KATATONIA en live. Les groupes qui se sont produits sont généreux et la performance qu'ils nous ont donné ce soir l'a amplement prouvé. Le compte rendu est également positif de l'autre côté du miroir puisque c'est la CANTADA qui l'aura clôturée à 3 heures du mat. Chacun, du public ou des groupes semblent donc être reparti, sa besace pleine de bons moments et de bons souvenirs. Et quand on sait que le but d'un concert, quel qu'il soit c'est quand même de pouvoir se remémorer ces bons souvenir, je pense que, dans le cas présent, les attentes de tout le monde ont été largement comblées.
02 avril, 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.