CONCERT du 4 DECEMBRE 2009 – SATYRICON/ SHINING/ DARK FORTRESS/ POSTHUM

Hier soir, j'avais l'intention d'aller voir un bon concert de Black Métal; parce que le black métal çà secoue les nouilles. J'avais pourtant fait ce qu'il fallait : j'étais partie à 17h30 pour 19heures au Trabendo, j'étais pomponnée, j'avais même prévu d'aller consommer de la binouze et d'acheter un hoodie pour ma garde robe. MAIS, j'avais oublié un élément décisif : c'était le Week End du Téléthon.


Passer 1h30 pour faire 200 mètres porte de Pantin, à deux pas de la cité de la musique, çà m'a convulsé l'oviducte. D'autant plus que rester assis avec une nouvelle petite culotte pendant tout ce temps dans la voiture (plus jamais je prends ma voiture pour aller en concert), c'est très loin d'être la fête du slip.
Donc, au final, on aura fini dans notre petite cantine de quartier à manger du poulet Tandoori et des cheese nan. Merci LEFT FOR DEAD 2 pour la fin de soirée; Démonter du zomblard çà permet efficacement de décompresser.

Je vais donc tenter de chroniquer ce que je n'ai pas vu, mais que je peux aisément écouter. D'autant plus que la tournée est là pour faire la promotion du dernier album de SATYRICON qui, il faut bien le dire, a sacrément besoin de soutien.

Le concert avait initialement le groupe NEGURA BUNGET en ouverture. Ils ont annulé leur dates peu de temps avant et c'est donc le groupe .POSTHUM (ha ha ha, le bon jeu de mots) qui ouvre la danse.
De .POSTHUM, il n'est pour l'instant possible de trouver qu'un seul album éponyme. Il est sorti cette année, et en fait, « what you see is what you get ». .POSTHUM nous propose un Black Metal norvégien de la vieille école, qui rappelle un peu ANCIENT ou DARKTHRONE. Ce n’est pas exceptionnel, mais on y trouve de bonnes bases, avec parfois ce côté très solennel du lyrisme emprunté aux Eddas. On sent la papate graisseuse du heavy métal de VENOM; çà tend parfois vers le trash et j'irais même jusqu'à dire qu'on y trouve le souffle d'Edvard Grieg (Son adaptation de Peer Gynt est un chef d'Œuvre. On passera par contre les monologues interminables de la pièce qui alourdissent l'écoute et font immanquablement digérer l'auditoire). Donc, du bon nouveau qui ressemble à de l'ancien. A suivre pour voir comment ils vont évoluer.

Le second groupe fut DARK FORTRESS. Le groupe est allemand. Malgré toute l'attention portée au son, on ne peut confondre leur Black Metal Teuton d'avec celui des Nordiques. Il s'agit très certainement de la touche globale très heavy Métal de l'ensemble, même si on sent entre le premier et le dernier album une évolution en matière de composition indéniable. On passe en effet d'un BLACK SABBATH très énervé (voir même épileptique) à un petit frère d'EMPEROR. Les musiciens ont acquis durant leur carrière une plus grande maîtrise et se risquent désormais aux intrinsèques mélanges de tonalités et d'arythmie. L'un des intérêts majeurs que je trouve à ce petit groupe (de 1994 quand même), c'est l'utilisation des samples. Les éléments sont là pour donner l'ambiance du morceau et mettre l'auditoire en conditions, afin de se retrouver imprégné de l'histoire que la musique développe. Le dernier album en a beaucoup moins malheureusement; le mixage est plus élaboré, peut-être pour compenser ce manque. Je conserve à ce titre une tendresse toute particulière pour l'album « Seance » qui est le plus mélodique de leur discographie. C'est en tous cas le plus introspectif, celui qui dégage les plus fortes ambiances.

Le troisième groupe qui devait se présenter ce soir s'appelle SHINING. J'ai été lire en détail la page wikipédia qui leur est consacrée. Elle m'a d'ailleurs consolée d'avoir manqué ce concert. Ils sont puants, vindicatifs, agressifs, mythomanes et totalement irrespectueux.
Bon, à côté de çà, il est vrai que leur musique ne donne pas envie de se réjouir de la vie mais, et attention je dis MAIS, c'est bon. Le groupe possède à son actif 6 albums que je sépare aisément en deux groupes. De « Within deep dark chambers » à « Angst , självdestruktivitetens emissarie », et de « The eerie cold » à « klagopsalmer ». Le premier qui reprend les trois premiers albums du groupe a une musique plutôt répétitive avec une saturation limite chiante, mais dont l'intérêt est de posséder une ambiance et des arrangements parfois très indus. Le second groupe, composé des trois albums suivants a un mixage et une composition plus élaborée. On touche dans ce cas a beaucoup plus de son, de styles musicaux avec une empreinte très classique voir blues-y. D'ailleurs, en terme de composition ou d'inspiration classique, ils touchent leur bille puisque on peut successivement entendre des arrangements baroques du XVIème, que du Beethoven (Die Moonshine Sonate) ou bien encore une influence de compositeurs contemporains comme Arvö Part ou Penderecki (la musique justement du film « The Shinning). « halmstad » est en ce sens un très bon album de progressif Métal plus que de Black pur et dur. Les morceaux touchent légèrement à la folk, clairement au Death Metal et on trouve même quelques accents de Gothic Death si on y prête l'oreille.
Attention par contre; ce n'est pas parce que SHINING mélange tous ces genres qu'il va plaire aux publics qui vont avec. Leur musique est très particulière, assez difficile d’approche, même si les introductions laissent parfois présager du contraire. En outre, les borborygmes et hurlements en tous genres de Kvarforth sont plutôt du genre à donner envie de soit s'immoler par le feu, soit de lui tirer une balle pour abréger ses souffrances. D'ailleurs il me rappelle un autre « personnage » dont j'ai toujours voulu abréger les souffrances : ce cher Iskandar Hasnawi, fondateur du groupe Néo-classique ELEND. L'infamie va de pairs d'ailleurs, puisque Iskandar et son imbitable caractère ont eu raison du public du dit groupe. Dans un cas comme dans l'autre, çà n'en reste pas moins que c'est très bon.
Espérons que SHINING fasse ce qu'il faut pour ne pas subir le même sort funeste qu'ils recommandent explicitement à leur public. Leur musique est intéressante, ce serait quand même dommage qu'un excès de zèle les fassent sombrer dans un oubli méprisant.

Bon, passons maintenant à ceux qui faisaient la tête d'affiche : SATYRICON.
J'aimais bien SATYRICON moi; et en fait, j'aimerais bien toujours les aimer. Parce qu'il faut quand même avouer que le dernier album, il n’est vraiment pas bon. Il est même réellement mauvais en comparaison de ce que le groupe a pu produire auparavant.
Les trois premiers albums sont excellents; malheureusement les suivants ont subit un engourdissement progressif qui me fait un peu frémir. On avait au départ une composition originale, empreinte de la tradition culturelle du pays, avec des arrangements et des samples parfois audacieux. Les mélodies prenaient leurs sources dans de nombreux courants musicaux, et l'ensemble était dynamique et varié à souhait. Mais ces derniers temps le groupe donne l'impression d'avoir perdu cette dynamique. En fait, pour résumer ce qu'il en est, j'ai l'impression d'entendre toujours la même piste quand je lance « The Age of Nero ». Et puis il y a un truc qui me gène dans la sortie de cet album en fait : c'est le second Cd bonus avec des remix et des lives. Je continue à penser que le Metal devrait rester en marge des grosses machines commerciales, sauf cas exceptionnels pour lesquels çà marche (Craddle of Filth ou Dimmu Borgir). Vouloir à tout prix accroitre ses ventes, a la tendance générale d'appauvrir la créativité et l'authenticité qui font que çà marche.
Moi j'adore toujours autant « Mother Norse »; le clip, en plus d'être pourri est rigolo. Mais, quand bien même « Fuel for Hatred » et « K.I.N.G. » sont d'une bien meilleure qualité sonore et visuelle (les clips), je pense qu'ils se suffisent à eux-mêmes au delà des albums. Leur écoute me procure un ennui déconcertant.
Je veux retrouver l'entrain d'avant; la rage musicale qui sent bon la sueur, le sang et le poil !! Je veux réentendre les imprécations viriles du début, la respiration pesante du guerrier qui mène le dernier combat; sentir à nouveau le souffle fétide du chasseur. Sentir mon petit corps trembler au dedans de moi parce qu'il se sent vivant et tout brûlant de son âme enfiévrée.
Enfin bon voilà quoi, je reveux mon SATYRICON qui était bon, pas cette galette sans vie de plastique et de métal qui n'a de raison d'exister que sur le pas de Ball Trap...

Donc voilà. En fait, je voulais aller à ce concert pour la tête d'affiche, mais je pense que j'aurais été extrêmement déçue. Ensuite, comme je n'affectionne pas particulièrement me prendre un coup de botte dans la tronche, je me dis qu'au final, aller bâfrer indien était une très bonne chose. Et puis la cuisine indienne c'est bon en plus.