L'an passé, je m'étais décidée au dernier moment afin de voir ELECTRIC WIZARD. Partie remise alors puisque le concert était archi-plein, sans aucune possibilité d'obtenir une petite place. On m'avait alors assuré un lot de consolation en Mars. Etant par nature un bon petit charognard, et préférant attendre que la viande pourrisse pour la consommer, j'ai attendu patiemment que le groupe repasse pour, cette fois-ci, m’allouer de ma dîme au dieu de la curiosité.
Nous n'étions vraiment pas nombreux du tout à attendre devant la salle à peine une petite demi-heure avant l'ouverture des portes. Cela ne laissait au départ présager rien de bon, mais le public parisien étant ce qu'il est, la salle fut bien remplie pour le passage de la tête d'affiche.
La première partie est assurée par un groupe norvégien, DEVIL, pur Doom dans le sang, qui pour l'instant n'a sorti qu'une Démo. Pouvoir ainsi tourner avec EW s'avère donc être un merveilleux tremplin pour eux. Le problème des norvégiens, c'est qu'ils ne tiennent pas l'alcool. Donc, malheureusement, çà se ressent un chouilla dans l'interprétation vocale. Enfin bon. On retrouve dans leur son tout ce qui fait le bon gros Doom Metal. On a les guitares saturées, une base rythmique très rock, des mélodies simples et avec peu d'amplitude et un son un peu roots. Par contre, cela me fait largement plus songer aux ROLLING STONES qu'à BLACK SABBATH pour le coup. Merci cependant à Joakim Transgrud d'avoir cette voix et ce timbre qui font penser qu'il est encore sujet aux poussées d'acné. Donc, une première partie très très Oldschool, dans laquelle on retrouve les thèmes habituels du manichéisme, de la femme et tout le pataquès. Pour la peine afin de réveiller un peu un public hagard, le groupe va interpréter « Paranoide » ; il semblerait que cela soir un morceau difficile dans le genre, parce que l'assemblée ne semble pas très convaincue au final, même si bien évidemment elle reste enjouée d'avoir eu droit à cette référence.
En l'espace de peu de temps, le public aura considérablement grossi. Public relativement intéressant à observer d'ailleurs, puisque de purs metaleux, on en croise peu. La grosse masse est relativement jeune il faut bien le dire, et affiche un air d'étudiant en lettre mal rasé et à la tignasse approximative et dans la coupe et dans la propreté. Au milieu de tout cela, on peut entre-apercevoir quelques têtes issues de la scène plutôt artif-arti, le plus comique étant cependant la quantité de Vampira ou de Tura Satana en herbe, tentant vainement d'afficher sur des visages pas toujours convaincants un air de sorcières particulièrement corrompues ; la quantité de colifichets et la longueur de la jupe faisant office de galons démonstratifs.
Mais voilà qu' ELECTRIC WIZARD entre en scène. La foule exprime sa ferveur et c'est encore sous les applaudissements et cris enfiévrés qu'ils vont entamer le premier morceau du set (qui va durer une bonne heure. Le set ; pas le morceau).
Les protagonistes affichent une assurance et un flegme tout britannique ; j'hésite encore cependant à croire que l'ivresse de Jus Oborn ne fut pas plus simulée pour le show que réellement vécue. Même si leur musique n'est pas aussi clinquante que dans certaines autres scènes, il faut quand même bien avouer que le spectacle est intéressant. Le batteur a un jeu relativement visuel, le bassiste est tatoué des pieds à la tête, et la seconde guitare est assurée par une blonde électrique, aux allures de Jinx Dawson. L'ensemble offre un tableau aussi prononcé que l'on a presque l'impression d'être directement plongé dans un film de la Hammer ; Le côté baroque kitsch faussement sérieux ferait sourire Christopher Lee lui-même (qui question kitsch en connait quand même un rayon). Le son est extrêmement saturé, jouant à la limite du larsen, utilisant sans concession les réverbérations et autres effets de distorsion. L'ensemble donne un effet extrêmement fort, et développe même sur la longueur du set un côté profondément malsain et oppressant. On ne joue pas du tout sur le même registre d'impressions que pour le Black Metal ; alors que celui-ci fait plutôt référence à la corruption, ELECTRIC WIZARD s’imprègne d'un aspect beaucoup moins glamour et exubérant. L'assemblée ésotérique alors formée est plus mystique que réellement ritualiste. L'ensemble est beaucoup plus froid, teinté d'un arrière goût d'Edgar Allan Poe, et j'irais même jusqu'à cité une impression de « la famille » dans l'adaptation de 71 du roman de Mathesson. On s'attend limite à voir surgir de derrière les coulisses des figures encapuchonnées, portant cierge à la main, tout prêt à offrir le sang d'un jeune et pulmonaire vierge à la soif de l'athamé. Le tout, bien évidemment dans un contexte très 'lavey-ien' de Devil's Rain. Le tout s'avère au final pesant ; J'ai d'ailleurs failli en rendre ma bière. Mais l'expérience s'avère intéressante. Le musique proposée par le groupe est assez redondante dans l'écoute, mais l'assemblée se laisse saucissonner par l'épaisseur grasse du son. Les wanabee sorcières pour le coup sont à la limite de l'hystérie incontinente, le show est une réussite.
Bon comme presque toujours, une bonne soirée en conclusion. La première partie un peu tiède, d'autant plus que les sons très « rock » ne sont pas du tout ma partie, ni affective, ni auditive. Par contre, je comprends beaucoup mieux l'intérêt que les gens portent à ELECTRIC WIZARD. En effet, après avoir creusé le sujet du Doom/Stoner, il apparaît clairement qu'ils possèdent un son qui va bien au-delà des autres formations du même genre. Serait-ce l'utilisation de matériel peut-être un peu old-school, ou bien encore une grâce occulte, ils dégagent une réelle alchimie sur scène ou bien sur galette. Personnellement, pour des questions purement organiques, j'en consomme donc avec modération, mais le plaisir retiré de BLACK MASSES a toujours cet arrière goût de Mescaline.
24 avril, 2011
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