Une très belle et surtout très grosse affiche pour le BONECRUSHER de cette année. 6 groupes, plus ou moins tous différents, mais une performance générale de très haute qualité.
Le petit UP de la soirée revient d'ailleurs à KEEP OF KALESSIN qui m'a beaucoup impressionné, et réconcilié au regard de la performance de l'an passé.
Quelques derniers concerts au Trabendo, avant que celui-ci ne ferme pour subir un petit lifting de circonstances. Le public du soir n'a bien évidemment rien à voir avec celui-ci du samedi passé ; moins « true » j'aimerais à dire, mais surtout beaucoup plus disparate. On y croise non seulement de la « goth » mais aussi (oui oui) de l'EBMeux tout fier de ses muscles ou bien encore, et là, j'avoue avoir tické un peu, du pur chav. Enfin bon ; mon environnement naturel n'étant pas au milieu du circle pit, je n'ai eu nul besoin de côtoyer plus que çà la plèbe. L'ambiance fut assez bon enfant malgré tout et, à la différence de Samedi, je n'en suis pas ressortie avec une malléole en moins. Le public par contre s'est avéré un peu frileux vis à vis de la soirée. La salle n'était pas pleine et je commence sérieusement à me demander où sont passé justement les gens puisqu'il est de plus en plus difficile d'assister à un concert bien remplis.
Les premiers à venir s'offrir à nous, sont les petits ibères d'ANGELUS APATRIDA. Pas beaucoup de monde pour les accueil malheureusement avec toujours cette froideur et ce mépris qui me donne enfin de balancer des tartes à la volée. Dieu merci, ce sont des petits gars qui en veulent et jouer leurs compositions, même devant un public aussi restreint, leur fait plaisir. Le groupe propose un Thrash plutôt conventionnel, avec parfois des accents de heavy. Cela fait une bonne petite mise en bouche, afin de chauffer une salle et un public toujours aussi difficile. Quand on pense que certains préconisent, non sans rire, le coup de pied au cul pour les Chats difficiles, on regrette vraiment que différents statuts ne soient pas plus attribués à l'humain. Enfin humain, à l'homoncule de base. Pas grand chose à dire de particulier sur les petits outsiders, puisqu'ils proposent un petit set carré, agréable, mais qui manque un peu de maturité. A voir donc dans quelques temps, lorsque les musiciens auront pris un peu de bouteille.
La seconde partie de la soirée voit s'avancer BURNING THE MASSES. Ha de suite, le son dépote plus. En outre, il s'agit d'accords plus chers à mes oreilles, puisqu'ils proposent un technical melo-death que je qualifierais de relativement « sec ». Non content de produire une musique taillée au sabre laser (pour dire comme c'est aiguisé), BURNING THE MASSES offre aux esgourdes une gamme très large de chant ; On passe successivement du pig squeel au growling, en faisant de petits détours par le chant clair ou même encore le screaming. Les morceaux sont bourrés d'énergie, le son est clair et efficace, le public (pour ce qu'il est) réagit au quart de tour à l'invitation du groupe.
Ca sent la sueur, çà sent la bière éventée, cela fait une génération spontanée de coups dans la fosse, mais qu'est-ce que c'est bon (surtout quand l'on n'y est pas dans la fosse ...). Le jeu des américains est dynamique, même si le seul membre à réellement donner vie au tableau est Brian Kulikoff, leur petit chanteur. Il a un faux air à la Bruce Campbell, et l'on s'étonne de pas l'entendre entonner la formule de bannissement des malédictions traditionnelles. De même, il semble osciller en permanence entre les deux visages du même monstre qui compose chaque être matériellement conscient. Le look du jeune homme fait plus penser à un Hardcore fraichement dégrossi, mais la variété de ses expressions et de ses postures donnent une consistance non négligeable au tableau. BURNING THE MASSES s'avère largement plus intéressant en live que sur CD ; Non pas que « Offspring of time » soit un mauvais album, non j'avoue que j'aime assez en fait. Mais sur galette époxy, le son est beaucoup plus redondant mais pas de cette manière cyclique qui sait rester malgré tout dynamique. Le show permet donc aux compositions de prendre en volume et en texture.
La performance s'avère donc de bonne qualité, et l'on ne peut renier au groupe une très grosse synergie face au public.
Pour la troisième partie de cette soirée marathon, vous se mettre alors en place ceux pour qui je me suis déplacée. J'adore FLESHGOD APOCALYPSE. Force m'est d'avouer que cela ne fait pas bien longtemps que j'ai découvert le groupe, mais je suis désespérément tombée amoureuse de leur son. J'ai naturellement un gros penchant pour le death metal, et d'autant plus lorsqu'il s'agit de technical death. La particularité du groupe, c'est de non pas comme beaucoup s'inspirer du classique, mais bel et bien d'en faire une transposition et d'en utiliser les canons. Ils s'en revendiquent d'ailleurs plus ou moins puisque le visuel des membres, les présentent plus ou moins grimés en habit de chefs d'orchestres. Plaisir ho combien délectable d'ailleurs de découvrir que FGA se produit bel et bien dans le même accoutrement et qu'il ne s'agit pas que d'un aspect promotionnel. La seule différence majeure entre le papier et les individus bien en chair, c'est que de chair, justement, ils en ont au final beaucoup moins que ce qu'il apparaît sur le papier. Nos « don Giovanni » du death metal s'avèrent être en effet, sacrément jeunes et surtout, sacrément petits et fluets. On est bien loin de l'image impérialiste du centurion, référence homo-érotique depuis que la Louve a nourrit les fondateurs de Rome (en ce sens, Maurizio Iacono correspond plus à l’icône traditionnelle). Mais qu'importe, puisque ce qui compte réellement, c'est la musique qu'ils proposent, et non le fait de porter une mini-jupette en cuir cloutée ou d'aimer les huitres.
Le sang et les racines se perçoivent aisément : on retrouve l'empreinte de la comedia del arte, ce côté tellement ampoulé du sur-jeu qui rend le football italien intéressant (et pourtant je haïs le football; quoique....), cette dichotomie entre passion de la chair et dévotion religieuse. L'artwork du merchandising y fait d'ailleurs particulièrement bien référence avec, entre autre le FA cerclé de la couronne d'épine (j'adore, surtout dans mon boulot). Et puis, il faut quand même bien leur reconnaître un putain de charme à ces cons d'italiens !!!
Je dis toujours que le Death puisse ses sources premières dans le classique. Attention, le classique d'avant 1850 hein, pas les noé-modernes et encore moins les contemporains. FGA exprime à la perfection mon point de vu, puisque l'on retrouve beaucoup d'influences des périodes classiques, romantiques ou même un peu de baroque (voir même aussi un tout petit peu de plainchant, avec le principe de composition à l'unisson). On note au départ avec les morceaux, des intros ou des conclusions composées de samples d’œuvres classiques justement, qui présentent d'ailleurs un large éventail de techniques d'écriture différentes. L'intérêt majeur, c'est surtout que l'écriture même de leur pièces se rapportent à ces techniques ; même les voix suivent les schémas dédiés, jouant tantôt dans le staccato, tantôt dans le legato (certains passage pouvant même s'apparenter au modérato cantabile). L'écoute tintinnabule donc de manière agréable à mes oreilles et l'observation du jeu de chacun des protagonistes, me conforte dans l'analyse de mes incessantes écoutes.
J'ai été un peu déçu du mixage de leur son en concert. Je préfère largement, en terme d'écoute pure, le son que l'on a sur CD. Cela ne remet pas en cause la qualité de la performance, mais le live, tout du moins le mixage du soir, n'apporte rien de plus et même, diminue la qualité d'écoute. Je n'aurais pas cette curieuse habitude de vouloir absolument digérer et assimiler (monomanie quand tu nous tiens) la musique qui me plait réellement, je pense que j'aurais un avis plus positif sur le set du soir.
Cependant, en dépit ma réserve le concert est bon ; il ne faut pas non plus jeter le bébé avec l'eau du bain et Quand on a pas le droit de manger la viande, on boit le bouillon !. La performance est dynamique, parce que les compositions sont bonnes. Le jeu de scène est en lien direct avec l'imagerie proposée puisque chaque protagoniste reste campé devant son pied de micro de manière assez rigide, dans un style très professionnel (on pourrait dire coincer du cul, mais comme il ne s'agit que d'un « jeu »...), affichant des visages impassibles et concentrés.
Au risque de me faire taper sur les doigts (parce que je ne serais pas contre le fait que ces braves jeunes gens me donnent la fessée), j'ai trouvé certaines similitudes entre le comportement des grecs de SUICIDAL ANGELS et les italiens de FLESHGOD APOCALYPSE. Un tempérament impérieux, un discours anticonformiste, une fierté revancharde naturelle. L’aparté de Tommaso Riccardi sur la notion de « réalité » n'a peut-être pas eu l'effet escompté, tant il est difficile de nos jours de trouver un cerveau réellement sous tension, mais l'effort est à annoter.
L'album ainsi que le EP sont passés en revue, et j'en aurais bien repris une petite dose à la fin du set. Tous les morceaux que l'on puisse écouter de l'album ou du EP sont correctes, y'a rien à jeter. J'avoue avoir une préférence pour « in honor of reason », « abyssal » et « requiem in si minore » qui limite réussit à me tirer une larme.
Comme entendu à la fin du concert, il ne saurait vraiment tarder désormais pour la sortie d'un tout nouvel album (cette année en fait ; et de sources certaines). J'attends avec avidité ce nouvel opus qui je l'espère sera au moins aussi bon que les deux précédents, puisque entre « oracle » et « mafia » on sent déjà largement un développement et une affirmation des idées. Les rejetons de Palestrina (je dirais également les neveux de Puccini) et Berio nous promettent donc, je l'espère, de toutes nouvelles pièces dignes de leurs immortels ancêtres.
L'antépénultième groupe propose un son beaucoup moins romanesque que FLESHGOD APOCALYPSE il faut bien le dire.
CARNIFEX entre en scène et non seulement le ton change du tout au tout mais également l'atmosphère générale qui s'en trouve profondément modifiée. Finit, l'éducation sentimentale, même Scott Lewis en a coupé sa mèche ; fini les plaisirs raffinés des soupirants pour leur Colombine, l'amour, s'il en était se retrouve écorchée à la mode Cénobite.
Je comprends mieux désormais d'avoir vu entrer dans la salle des faciès de chavs. Le Deathcore, c'est pas fait pour les Pds. On peut aisément remettre en doute les qualités intrinsèques au style, puisqu'il s'agit d'un crossgender contre nature entre le punk hardcore et le death metal, mais, reconnaissons quand même au style une agressivité brute, sans compromis, qui manque parfois dans les autres courants de la scène Metal.
CARNIFEX propose un set qui fait office de coton tige passé dans la limaille de fer et, comme pour d'autres choses, le silence est tout aussi bon que la musique. Comme dirait certains, çà envoie du pâté, et çà brasse de l'air non seulement en terme auditif mais aussi dans la fosse, parce que les chavs sont là pour faire mal (je suis bien contente d'être en sucre pour le coup).
Le groupe propose donc une musique musclée, à la différence de ses membres qui sont plutôt « tendineux » on va dire... Les protagonistes ont tous cette chose en commun qu'on les perçoit et qu'on les voit tendus comme la corde d'un string deux tailles trop petit ; Non pas pour une question de stress relatif à la scène, mais bel et bien parce qu'ils jouent une musique éprouvante pour le corps. Une posture des plus impressionnante d'ailleurs pour Fred Calderon qui aura passé la majeure partie du set littéralement accroupi, façon EviL Toad , prenant un appuis puissant de ses pieds ce qui lui permet de baisser d'une manière vertigineuse son centre de gravité.
Le son de CARNIFEX, rappelons-le se situe entre punk et metal. On retrouve les arythmies typiques du death, même si la syncopée est plus élémentaire et du hardcore punk, on retrouve cette déstructuration désinvolte de la mélodie. Le plus intéressant reste cependant la performance vocale du chanteur, qui doit en quasi permanence jongler, parfois sans transition ni mouvement évolutif, entre le screaming et le growling, le chant clair et le pig squeel. La quasi totalité de la palette vocale est développée dans le style propre au genre et j'avoue sans honte avoir été relativement impressionnée par ce type de virtuosité moi qui suis tant sensible à l'origine de la création d'Eä.
Un détail, qui peut paraître anodin, mais qui a retenu mon attention lorsque j'ai creusé un peu plus loin de concept de CARNIFEX. Normalement, les conflits intérieurs, la haine, les relations humaines sont la base du champ sémantique du groupe. Quelle que chose de normal si l'on se réfère à l'empreinte punk de leur musique. Logiquement, les paroles sont censées faire écho à la violence du son. Et cependant, si l'on prend la peine de lire par exemple le texte de de « Dead in my Arms », nos « coreux » préférés se dévoilent sous une lumière totalement différente. En effet, on se rapproche très largement de ce que l'on pourrait trouver dans des choses plus « goth » (je pense entre autre à « Diary of Dreams »). C'est très très romantique au final, et ce, dans la plupart des cas. Ca pleure beaucoup, c'est bourré de remords et çà vit dans le passé... Non pas que cela soit mauvais bien au contraire, mais les mots confère au groupe une profondeur que le « No-futur » ne présentait pas forcément à la base. Vous m'en direz tant après tout Johnny Rotten a fêté ses 55 ans cette année donc, pourquoi le punk devrait-il se contenter de l'image exacerbée de Sid Vicious.
Une performance qui fut donc au départ relativement intéressante mais qui révèle surtout après coup une subtilité que je n'aurais moi-même pas imaginée sans ma maladive curiosité. La chose qui aurait du me mettre la puce à l'oreille durant le show, c'est une immense gratitude envers le public : Scott Lewis a une voix naturellement très agréable et ses récurrents merci après chaque morceau sonnent d'une spontanéité déroutante. Le cœur y est, il a forte envie de reconnaissance ; non pas forcément pour la « couche superficielle » de leur art, mais bel et bien pour le fond du fond, la nature propre et intrinsèque, la volonté primale, propre à l'existence de la formation.
Un immense merci donc à toute la passion, quelle qu'en aura été l'expression, que nous procurée ce soir CARNIFEX.
L'avant dernier groupe de la soirée avait à mon esprit un côté relativement décalé et pour le moins, ennuyeux de par l'idée de récurrence envisagée.
J'avais assisté à un set de KEEP OF KALESIN l'an dernier et, malgré les qualités indéniables de leur musique, j'en étais quand même restée au fait que KEEP OF KALESIN, c'est de la musique à gonzesses.
Et bien figurez-vous que j'ai pris LA claque de la soirée avec ces « bôgosses » (comme je l'avais précédemment exprimé).
Le set de l'an dernier, en première partie de GORGOROTH, n'avait pas été mauvais ; non. Mais les arrangements, le visuel, tout çà faisait très très emo-girl vaguement goth sur les bords. J'avais dans l'idée d'assister au premier morceau du groupe, pour soutenir autant que faire se peut puis de sortir afin de m'adonner au lever de coude de rigueur.
L'entrée en scène s'avère radicalement différente. Beaucoup plus d'énergie et de testostérone pour cette nouvelle version du show à venir. Déjà, fini le maquillage Emo-like, fini aussi les petites chemisettes une taille trop courte. L'attitude du groupe est plus roots, on y voit et on y perçoit beaucoup moins de sentimentalisme. La setlist est assez peu différente, puisque seules deux pistes au final vont changer de la performance de l'an dernier. L'an passé, le groupe avait un peu plus mis en avant « Armada », alors que pour cette année c'est « Reptilian » ; logique s'il en est puisque le concert au Trabendo était ultérieur à la sortie de l'album. Le dernier album du groupe s'avère à l'écoute beaucoup moins Black Metal et largement plus facile d'approche ; tout du moins c'est le rendu des mixages studio. C'est donc dans les arrangement live qu'il faut chercher l'engouement plus important pour le groupe lors du BONECRUSHER FEST de cette année par rapport au son de la tournée de l'an dernier. Que le groupe ait tourné aux Etats-Unis avec NILE semble donc avoir été une excellente chose. Parti sur les bases de l'an dernier, je considérais que le groupe était, d'un point de vue purement « Epic » en retard par rapport aux autres noms qui avaient marqué leur temps. « Reptilian » n'est pas un mauvais album, mais, en comparaison des « Rain of a THousand Flames » ou « Infinite », il est arrivé aux oreilles du public quand même très tard (sans même parler des production de BLIND GUARDIAN ou GAMMA RAY). Le revirement de situation vécu ce soir est non seulement fort audacieux mais aussi très agréable. Les arrangements sont plus agressifs, plus « puissants » aussi. L'ensemble du set est moins poussif, j'irais même jusqu'à dire beaucoup moins nombriliste... Fini donc un Thebon souriant de manière goguenarde, un Wizziac elfique et « metrosexuel » ; fini aussi un Obsidian qui jouait précédemment sur la dérision et la bouffonnerie. Ce soir KEEP OF KALESSIN illustre parfaitement ses 4 chromosomes Y et c'est tant mieux (préférant personnellement les vrais mâles à l'« asexuali personae » qui a tendance à me gonfler sévère). Un petit bémol à ce merveilleux tableau sonore lorsque le groupe a entonné « Dragon iconographie » qui, heu, a un peu cassé l'image sus-citée. On tache donc d'oublier cet écart à la nouvelle direction musicale du groupe et l'on s'empresse de souffler sur un nouveau mix d' « Ascendant » grandement Syntholé. Je n'aurais personnellement jamais envisagé voir le public slamer et mosher sur du KEEP OF KALESSIN et c'est pourtant ce qui s'est passé. Il semble donc que, tout comme moi, l'audience fut des plus ravie de découvrir le nouveau visage du groupe.
Le BONECRUSHER FEST arrive à son apogée, et c'est donc un DYING FETUS totalement dépouillé, mué par une force tranquille qui entre en scène.
Une petite formation s'il en est puisque désormais ils ne sont plus que trois. Mais le groupe illustre à la perfection l'adage qui dit que la qualité n'est pas liée à la quantité puisque le son est vraiment très puissant. Une composition relativement simple (je reviendrai dessus), mais un mixage et des arrangements qui ne laissent aucune hésitation sur la potentielle prise de position face à leur musique. En terme purement Metal, c'est une tuerie. On a beau dire et faire ce que l'on veut, au milieu de tout ce que peut produire les Etats-Unis en terme de merde musicale, lorsqu'une formation sort du lot, elle en devient indétrônable et l'on ne peut que très rarement remettre en question sa position de leader.
Le show est plus ou moins réflectif, puisque, impassibles et relativement statiques, chacun peut y projeter sa propre conscience. Leur musique a un petit arrière goût général de remise en question, en plus de leurs valeurs accusatrices habituelles.
Laissons de côté le son (excellent comme toujours) du groupe et attachons-nous plutôt à ce que l'on peut apprendre en les regardant.
Le blast beat est carré, limite quadrillé. Pas d'écart de style, pas de boogie ou d'allitération jazzy comme l'on peut parfois entendre dans d'autres concerts. Non, Trey Williams s'attache à une utilisation dogmatique de ses fus et cymbales.
Mais l'intérêt majeur à assister à un concert de DYING FETUS, tout du moins du visuel, c'est de comprendre d'où vient leur terrifiante efficacité.
D'emblée, il est vrai que l'utilisation de deux voix en growling ou pig-squeel ajoute une assiette non négligeable ; d'autant plus que Gallagher et Beasley n'ont pas du tout les même timbres. Je suis plus attirée par celle du premier, mais il s'agit plutôt d'un ressenti personnel. Le gros morceau intéressant s'avère surtout dans la reconnaissance de leur efficacité depuis tellement d'années : musicalement, le groupe utilise de manière symptomatique les règles de la composition de l'Harmonie Tonale. Ainsi, nous seulement on peut entendre, mais en live on peut également voir que les mélodies composées pour la guitare et la basse, se superposent à la quasi-perfection et en rythme et en intonation. Développant également le concept pour les parties développées, les deux musiciens interprètent donc, chacun sur leur instrument, les même lignes de riffs, allant même parfois à la interpréter sans intervalle de ton, jouant ainsi les mêmes notes de la gamme tempérée qui flirte malgré tout audacieusement avec la gamme pythagoricienne. Rien que de songer à l'étendu et à la profondeur d'une étude technique complète de la composition ne serait-ce que d'un groupe comme DYING FETUS, j'en suis toute bouleversée et passablement excitée...
Le morceau final qu’interprète d'ailleurs DYING FETUS me fait directement mentir quant à ce que j'ai pu écrire. « kill your mother, rape your dog » (pièce de jeunesse) ne respecte absolument pas le schéma précédemment cité. Mais je ne saurais faire autrement que d'essayer de me rattraper en leur accordant, pour ce faire, l'insouciance et l'irrésolution de la jeunesse (ne dit-on pas qu'il faut que jeunesse se passe après tout?).
Le style général a donc sacrément évolué depuis leurs débuts. Alors que le ton général est plutôt amusant et amusé sur un album comme « killing on adrenaline », celui de « descend in depravity » l'est largement moins. J'aime toujours particulièrement pouvoir étudier les mouvements au sein d'une discographie, mais celle de DYING FETUS s'avère passablement déroutante. Le 'gap' général est immense, et ils semblent qu'ils aient bien de la chance d'avoir un public qui leur soit resté fidèle.
DYING FETUS est un nom au sein de la scène, mais les différences profondément marquées entre leur début de carrière et l'état actuel du groupe auraient de quoi décourager n'importe quel snotling (surtout s'il a été allaité au plomb et au Coca-Cola).
Bon. Le show est excellent du début à la fin, le set est d'ailleurs long. Le public bouge moyennement, mais c'est surtout qu'il semble totalement mesmérisé par l'écrasante efficacité de ce qu'il vit et peut-être un peu subit.
CARNIFEX nous avait lavé les oreilles, la perception de DYING FETUS n'en fut donc que plus efficace.
Une note générale très très correcte pour le BONECRUSHER FEST de cette année. Non seulement une tête d'affiche qu'il se faut de connaître en live mais aussi un excellent calcul dans la programmation générale. en dépit des sonorités au départ relativement différente, la progression a été bien assurée par tout le monde.
Mon ressenti concernant FLESHGOD APOCALYPSE reste quelque peu mitigé, puisque d'un point de vue d'écoute, je préfère largement en profiter la bière la main dans mon bain.
Une excellente surprise par contre concernant BURNING THE MASSES et tout particulièrement CARNIFEX qui m'a plus qu'enchantée. Je pense en garder un excellent souvenir pendant un bout de temps, n'étant pas du tout sensible initialement aux accents du Deathcore. Le groupe m'a réellement donné envie de creuser un peu plus le sujet de cette scène, quitte à en faire hurler certain (j'entends déjà les tôlées et les réactions déçues. Tant pis, je reste très attachée à mes paradoxes).
Quant à DYING FETUS, il était à mon goût d'une fort grande nécessité d'assister au concert ; déjà parce que le groupe a su s'imposer sur le devant de la scène depuis 93, mais aussi et surtout de par l'étonnant phénomène dont j'ai précédemment parlé.
Dire que l'on aime le Metal est encore en général assez mal vu au sein de notre petite société bigote et ridée ; encore plus lorsque l'on est une vieille fille sur le retours. Il arrive beaucoup trop souvent que ces musiques ne soient considérées que comme un vecteur primal d'agressivité, alors que je la vois et n'ai de cesse de vouloir la présenter, comme un vivier culturel particulièrement riche. En effet, toutes proportions gardées, il s'agit d'un macro/microcosme relativement jeune, pas dans sa population, mais dans sa subsistance dans le temps. En comparaison des scènes Electro, indus ou même plus « goth », elles aussi relativement jeunes, que je fréquente traditionnellement également, le petit monde du Metal ne s'est pas essoufflé ; au contraire même, il a énormément grandit sur l'ensemble des directions concevables. Mettre au ban de notre société toute cette frange musicale (à la base) désormais culturelle voir cultuelle, c'est se mettre la tête dans le sable. Le public possède un pouvoir d'achat, qu'il consacre de préférence à l'entretien de sa passion et surtout, concernant les artistes et leur musique, la richesse de composition originale mais également le poids des influences est largement plus fort que dans la plupart des autres courants, avec lesquels les majors essayent de nous sodomiser à longueur de journée.
Etant par nature quelqu'un qui revendique son statut d'individu et dotée d'une sexualité considérée comme déviante au sein de nos « Etats » qui reprennent à leur compte l'adage des simples d'esprit, je n'aurai de cesse de soutenir, à ma manière (et malgré mes sempiternels coups de gueule de vieille conne aigrie), aussi paradoxale qu'elle puisse paraître, ce ou ces courants dans lesquels mon esprit 'malade' réussit encore à trouver une substance suave et nutritive pour se sustenter et même se construire encore et toujours.
04 avril, 2011
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