Ha mon Dieu que la soirée fut bonne, qu'elle fut orgasmique même. L'on a beau se préparer à l'évènement, visionner des extraits de concerts sur tous les formats que le web puisse nous proposer, assister réellement à un concert de COVENANT, c'est une expérience sans précédent.
Il faut reconnaître également que l'absence de concerts électro se fait cruellement ressentir ; d'autant plus que je ne suis pas une fan de COMBICHRIST (ce qui m'a fait passer mon tour pour le concert du début de ce mois), estimant avoir passé l'age de me faire cracher dessus par les artistes pour lesquels je grève ma future, hypothétique, retraite.
Pouvoir assister et participer à concert Electro s'avère donc tout un événement à élaborer et pour lequel se préparer. Cela demande quand même à mes yeux sacrément plus de préparatifs que pour un concert de Metal. Alors que le public du second genre cité peut se contenter d'un petit « à peu prêt », la scène goth/ Electro-dark ne saurait souffrir le moindre flou. Tout se mesure, tout se calcule. Chaque sourire est savamment pesé, chaque cheveux sommé de se placer où il doit ; le port de tête est entraîné, les inflexions de la voix travaillées. En ce sens, l'électro dark est un milieu où le hasard aurait encore moins sa place qu'ailleurs. Les gens sont des loups (bon à passer à la moulinette pour certains) ; plutôt des renard limite, de part l'aspect calculateur qui transpire du public drainé par la scène.
La Loco étant désormais fermée, l'âme du lieu vendue à l'illusion de culture qu'offre le Moulin Rouge, c'est le Divan du Monde qui semble désormais le plus à même de reprendre un flambeau quelques peu vacillant. La salle est très agréable, un peu petite, mais cosy à souhait pour des concerts comme celui de ce soir, la scène n'était pas suffisamment active pour espérer plus grand (Le concert de COMBICHRIST était quand même ultra plein). Le public s’accommode à merveille du côté « baroque-roccoco » du lieu ; Une odeur de « comme à la maison » y plane d'ailleurs. Je dis sans ambages que le seul point négatif à ce charmant petit espace culturel, c'est le prix de leurs boissons (le double lot de consolation étant de pouvoir payer en CB à partir de 1€ et que le lieu possède la licence IV).
Rien d'attendu de la première partie, je n'avais même pas connaissance du nom de celle-ci avant même qu'elle ne se produise. 19 NEW PROJECT a un nom des plus saugrenus. Le duo de programmeurs est parisien, et malheureusement, cela se sent comme le camembert au lait cru fait à cœur ; fleuri dirons-nous.
J'ai eu l'occasion d'entendre des choses bien pires que leur « Electro-pop » dans ma vie, mais la grosse partie de leur set m'aura laissée sur ma faim.
Ayant assisté aux performances de TAT, et ayant connaissances des productions made in OPERATION OF THE SUN, 19NP est d'une qualité musicale assez médiocre dans son ensemble. La composition est largement plus Electronica qu'Electro-dark ou pop, c'est à dire que le public n'est pas le bon pour la performance. Le son est fait pour une ambiance clubbing, sauf les quelques tentatives de chant et de mélodies « organiques » (avec une guitare électrique), dans lesquelles, il faut quand même bien avouer, ils ne sont pas à l'aise du tout.
Le son général est assez ampoulé, et il se dégage de la performance ce côté « hype » et méprisant qu'affichent en règle générale la pseudo « intelligentia » contestataire de salon, qui plus est parisienne.
Le public leur rend d'ailleurs assez bien la tiédeur et la distance, et il semblait qu'il soit assez compromis de pouvoir vivre cette osmose entre les acteurs et les spectateurs.
On profite du set pour boire, se raconter les histoires du chat de maison ou bien du petit dernier sans grand intérêt pour les deux pauvres petites choses adorables qui se démènent tant bien que mal sous le feu des projecteurs.
La fin du set nous a cependant réservé une agréable surprise. En effet, lorsque les deux protagonistes se décident à laisser tomber l'aspect « lyrique », propre à racoler de la goth à froufrou (tout le monde ne peux se prévaloir d'être Tilo Wolf) dans lequel ils sont plutôt médiocres, les compositions se révèlent assez bonnes. Les deux dernières pièces ont été vraiment bonnes justement. Pas de chant, que de la programmation. Une composition bien maîtrisée, un développement ingénieux ; une superposition des loops et des samples efficace.
Non seulement le public ressent la différence, mais en plus les musiciens se sentent largement plus à l'aise dans ce domaine. L'ambiance est plus décontractée mais aussi moins poussive ; ils semblent réellement prendre plaisir à bidouiller derrière leurs consoles. Le jeu de scène est plus débridé et il finit réellement par s’opérer une petite mise au diapason entre les aspirations des performants et le désir du spectateur. Le set se finit donc sur une note bien plus agréable qu'il n'avait commencé, et l'on sera même passé d'une techno approximative à un électro-indus largement plus intéressant et surtout plus proche de ce qui va suivre.
J'aime bien le divan du monde ; il se dégage de cet endroit un doux et merveilleux parfum de décadence. Serait-ce la déco théâtrale ou bien les chiottes mixtes, je suis forcément grise et grisée en pénétrant dans ce lieu.
Mais voilà qu'enfin, COVENANT s'avance. Le public est aux aguets puisque, aucuns des trois protagonistes n'est encore entrés sur scène que c'est une violente ovation qui emplit la salle. Le tonnerre se fait étourdissant lorsque, tant attendu par les membres des deux sexes de l'assemblé, dans un fondu de clair-obscur apparaît enfin Eskil Simonsson. A noter que Joachim n'était pas là pour le coup. Il aura été remplacé par un fort beau bébé quand même.
Ha mon Dieu, Eskil Simonsson.... sa vue à elle seule, a, aussi bien sur les hommes que sur les femmes, autant d'effet qu'une pleine boite de Viagra en intraveineuse. On ne peut pas vraiment dire qu'il soit vraiment bel homme, mais, il se dégage de sa présence une sensualité orgasmique qui passe au-delà des filtres de la raison et de la morale et qui plonge directement dans les gonades de tout à chacun. D'ailleurs, jouissance du set par dessus tout autre chose, voir le « phénomène » prendre son pied comme ce soir semble appartenir à l'autre côté du miroir tant il est, par nature, d'ailleurs.
Le concert fait parti de la tournée promotion du dernier album « Modern Ruin ».
La première écoute est toujours un peu étonnante dirons-nous. Le son s'est en effet de plus en plus éloigné de leurs débuts tout au long des albums. Le son s'apparente désormais beaucoup à de l'électronica ou, comme dans le cas de « We Sind Die Nacht » à de l'intelligent techno. COVENANT propose depuis « Northern Light » un glissement assez intéressant vers des musiques traditionnellement plus médiatisése et qui sentent bon, non seulement la blanche mais aussi le foutre. Après quelques écoutes, le son se présente sous les meilleurs augures possibles en ce qui concerne ce dernier opus. Comme toujours COVENANT s'avère à la pointe de la composition Electronica, même si l'on ne tombe dieu merci pas encore dans des excès comme Igorrr. L'album offre un large éventail de sonorités ainsi qu'une grande variété de compositions, ce qui fait entre autre mon attachement au groupe depuis de nombreuses années. La voix d'Eskil nous sert de fil d'Ariane tout au long de l'album et l'on se laisse finalement prendre.
Le set que va produire COVENANT va être long et reprendre l'ensemble de leur discographie. Certes, la plupart des morceaux appartiennent bien évidemment au dernier album, qu'Eskil désigne forcément comme étant SON nouvel album (le personne est un peu excentrique et, au demeurant, relativement EGO-centrique), mais la soirée propose un développement assez bien foutu de toutes les évolutions musicales par lesquelles le groupe est passé. Des précédents albums, on pourra entendre « Ritual Noises », « bullets » ou encore « we are the men » ou pour les plus vieux « Like tears in Rain » et « One World One sky » (du moins selon mon souvenir embrumé de vapeurs érotiques se dégageant d'un Eskil Simonsson déchainé). La version de « Lightbringer » proposée au public s'avère largement plus agressive que celle de l'album ; le ton est plus saccadé et tend limite vers le NewMetal. Alors qu'il aime tant le devant de la scène, il est d'ailleurs étrange de voir Eskil s'effacer au profit de Daniel MYER, dont le coffre et le profil sont plus à même de faire prendre corps à l'agressivité de la foule.
Tout au long du show, parce qu'il s'agit bien d'un show, Eskil Simonsson s'adresse à son public chéri. Sa voix est limite éthérée, extrêmement caressante. Avec le look qu'ils ont adopté depuis le départ, contre courant délectable (style désormais repris par AND ONE) du contre-courant lui-même s'il en est, le discours qu'avance Simonsson fait office de Brise-Glace. Tout comme Mikael Åkerfeld l'an dernier, de l'aspect fort aimable et anodin du personne, s'élève pourtant une contestation sociale bien affirmée ; refus de la normalisation de l'être, le schéma ne sait que trop bien rappeler le fameux « Meat Grinder » de 1982. Je suis toujours partagée entre mon soutient à cette philosophie (étant personnellement tant attachée à la notion d'Individu) et l'effet doublement contestataire de considérer que parler c'est bien, mais que j'ai un peu passé l'age de courir après les moulins (même si j'adore le personne de Don Quichotte). Enfin bon.
Le clou de la soirée à mes yeux reste la vision d'un Eskil slamer dans le public (qui, à la différence du public metal, s'avère avoir de la confiture en guise de bras). Il aura fallu l'aide du second clavier pour venir le chercher en entier sur la scène, mais c'est une image que je n'aurais su envisager auparavant. Donc, même au sein des scènes plutôt « prout-prout », on peut envisager rencontrer les même débordements d'expression qu'ailleurs.
J'en viens d'ailleurs à parler une fois encore de ce public composé en partie de gros cons (je ne vois pas comment le dire autrement pour le coup) puisque, question débordements, j'apprécie toujours aussi peu me faire éclater les épaules ou les jambes. D'autant plus que, comme pour FRONT 242, le concept n'est pas bon enfant et il s'agit vraiment de faire mal. Chose à remarquer d'ailleurs, il s'agit des mêmes lobotomisés atteins du syndrome Peter Pan qu'à l'époque de F242. Il semble que même la mort n'en veuille pas tellement ils seraient insupportables dans l'au-delà également. Et je passe le cas des gens agressifs car défoncés à la blanche. Personnellement, je n'ai rien contre les addictions de chacun ; mais, j'estime que l'on se doit d'en rester maître. De tels débordements m'apparaissent l'expression d'un retard intellectuel plutôt que celui d'un aspect « smart » ou « urf » comme certains justement l'affirme. Ensuite, il s'agit là d'une réflexion qui resterait stérile tant il y a à dire.
La soirée fut donc dans son ensemble particulièrement bonne. Il se dégage de la scène et des concerts électro une ambiance totalement différente de ce que l'on peut voir ou ressentir lors d'un concert Metal. Pas moins de ferveur je dirais, mais à la différence des metalheads, on ne retrouve pas cette notion de communautarisme qui fait une partie de la force et de l'authenticité du milieu.
Ensuite, il faut quand même bien avouer que Paris accueillant si peu de groupes significatifs de cette scène en son sein, toutes les opportunités sont bonnes à prendre. Ensuite, d'un point de vu personnel, je ne suis pas fan de COMBICHRIST et je les ai déjà vu. COVENANT cependant méritait largement le détours ; l'expérience auditive est excellente et la performance visuelle s'est avérée encore meilleure que ce qu'on avait pu m'en conter. Expérience à réitérer.
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